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Via di Monserrato : maison des Ricci et San Giovanni in Ayno

La via di Monserrato est une des rues les plus intéressantes de Rome, riche de ses édifices variés, témoins d’une longue histoire, avec de somptueux palais qui hébergèrent des nobles, des cardinaux, des banquiers et même des courtisanes. Par exemple, une célèbre courtisane nommée Imperia et appréciée d’Agostino Chigi un célèbre banquier d’origine siennoise, habita une belle demeure de la rue, peut-être la Casa di Pietro Paolo della Zecca.
Cette rue mène de la Place Farnèse à la via dei Banchi Vecchi qui en est le prolongement. Elle a été nommée du nom de l’église de Santa Maria in Monserrato, mais porta auparavant d’autres noms comme via Arenula, via Regola, puis via di Corte Savella quand la famille Savella pris en charge un tribunal ecclésiastique installé ici de 1430 à 1654.

Parcours

Face à la Place Farnèse, l’édicule du début du XVIIe siècle à l’angle avec la via dei Farnesi, représente une Vierge à l’Enfant avec Saint Philippe Neri dans un médaillon porté par deux angelots et une tête ailée.
Il se situe sur l’angle du Palais Fioravanti, construit dans la première moitié du XVIe siècle pour le comte Antonio Massa di Gallese. Son architecture est semblable au voisin Palais Farnèse, avec ses deux étages et la corniche dentelée. Au deuxième étage se voit une loggia fermée.

Église San Girolamo della Carità

L’église San Girolamo della Carità (Saint Jérôme de la Charité en français) a selon la tradition été construite où aurait vécut Saint Jérôme en 382, dans la maison de sainte Paule, une noble romaine.
Elle fut concédée en 1536 à la Compagnie de la Charité formée par des nobles florentins. Après un incendie en 1657, elle fut reconstruite par Domenico Castelli, et une façade baroque de Carlo Rainaldi ayant deux niveaux et ornée de pilastres corinthiens. L’intérieur a une seule nef couverte d’un plafond à caissons du XVIIIe siècle. Le maître-autel est de Carlo Rainaldi et le retable de la fin du XVIIIe est une copie du tableau du Dominiquin qui représente la Dernière Communion de Saint Jérôme.
La chapelle Spada a été réalisée en 1654 pour Virgilio Spada avec l’aide de Francesco Borromini. Ses parois sont couvertes de très beaux festons de marbre et de l’onyx autour d’une peinture du XVe siècle de la Vierge à l’Enfant, avec des profils de membres des Spada dans des médaillons. A l’entrée deux anges à genoux soutiennent un superbe drap de jaspe servant de balustrade.
La chapelle Antamoro est l’unique œuvre romaine de Filippo Juvarra, réalisée en 1710 pour l’avocat Tommaso Antamoro, qui accueille la statue en marbre de Philippe Néri réalisée par Pierre Legros.
La façade latérale sur la petite place de Santa Caterina della Rota a un beau portail flanqué de deux couples de pilastres corinthiens, et dans le fronton, la croix inscrite dans un cercle est l’emblème de l’Archiconfrérie de la Charité.

Place et Église Santa Caterina della Rota

Sur la place homonyme se dresse l’église dédiée à Catherine d’Alexandrie, martyrisée au IVe siècle. Elle fut condamnée par l’empereur Maximien II à être écrasée par une roue (d’où l’appellation « della Rota », de la Roue en français) qui se brisa miraculeusement. Elle fut alors décapitée.
L’église remonte au moins au moyen-âge, mais s’appelait Santa Maria in Catenariis, annexée à un hôpital qui soigna notamment les prisonniers rachetés aux sarrasins incarcérés dans les prisons de Tripoli et de Tunis. Une fois libérée, ils accrochaient ici leurs chaînes (« catena » en italien) comme ex-voto, d’où l’appellation d’origine de l’église. Elle fut restaurée au XVIe siècle et c’est peut-être une modification erronée de l’inscription que son nom passa de « Catenaris » à « Caterina ».
La façade de 1730 est de Luigi Poletti, encadrée de deux paires de pilastres avec chapiteaux corinthiens, dont le portail est surmonté d’un tympan brisé avec le blason du Chapitre de Saint-Pierre, avec plus haut une grande fenêtre, puis en haut un tympan triangulaire.
L’intérieur a une seule nef avec trois niches de chaque côté, couvert d’un très beau plafond en bois du XVIe siècle qui se trouvait à l’origine dans la disparue église Saint François qui était à l’intérieur de l’hospice des Centopreti détruit lors de la canalisation du Tibre.
La première niche de gauche conserve le monument funéraire de Giuseppe Vasi, célèbre graveur palermitain qui nous légua une multitude de vues de Rome. Dans la troisième niche à droite, se trouve la sculpture de Marie avec Sainte Anne, auparavant dans l’église de Sainte-Anne des Palefreniers et qui était portée en procession.

Sur la place se dresse aussi le Palais Mastrozzi Graziosi construit à la fin du XVIIe siècle. Le portail est encadré de deux colonnes cannelées en marbre et les fenêtres de la façade sont décorées de stucs : des têtes féminines au premier étage, des coquilles avec masques et festons au deuxième, et des putti avec festons au troisième. Une belle corniche couronne la façade et l’angle est orné de haut pilastres.

Suite du parcours

Au 105, le beau Palais Giangiacomo date du XVIe siècle, avec un portail arqué encadré de colonnes doriques posées sur deux bases et qui soutiennent un balcon. La porte-fenêtre, surmontée d’un tympan, est encadrée par deux colonnes ayant comme chapiteaux des têtes d’atlantes qui soutiennent un autre tympan.

En face, le bâtiment est celui de l’ancienne Corte Savella, nommée ainsi quand la famille Savella prit la charge du tribunal ecclésiastique. Ils l’installèrent dans leur palais transformé en tribunal et en prison – en service de 1430 à 1654.
Avec l’ouverture des nouvelles prisons en 1655, les Carceri Nuove situées via Giulia, la cour des Savella fut supprimée et l’édifice fut acheté par le Collège Anglais (fondé en 1578 par le pape Grégoire XIII) qui s’y trouve toujours. L’édifice fut alors remanié, dont une partie démolie à la fin du XVIIe siècle, et relié à l’église Saint-Thomas de Canterbury ainsi qu’à l’hospice pour catholiques anglais.
La façade de la Corte Savella est relativement simple. Au 42 près du balcon une plaque rappelle la condamnation de Béatrice Cenci.

L’église San Tommaso di Canterbury était déjà connue au VIIe siècle, sous le nom de Sainte Trinité des Écossais. Au XIVe siècle un hospice pour pèlerins anglais lui fut annexé.
Elle fut reconstruite dans la seconde moitié du XIXe siècle par Virginio Vespignani. Le portail donnant sur la rue est d’un style roman éclectique et la façade a des fenêtres en oculus. L’intérieur est rectangulaire avec trois nefs divisées par des colonnes, datant du XIXe, et hébergeant quelques œuvres de la précédente église.

Le palais étroit aux 111 et 112 qui rompt avec le style des autres édifices est le siège de l’Archiconfrérie de Sainte Catherine de Sienne. Comme le rappelle la gravure en façade, c’est une reconstruction datant de 1912 de la maison de Catherine de Sienne située dans Fontebranda à Sienne.
Sur cette façade en briques se trouvent trois loggias, décorées de marbre et de travertin. Dans un petit ovale sont représentés Senio et Ascanio avec la louve, symbole de Sienne.

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Santa Maria in Monserrato

L’église Santa Maria in Monserrato est l’église des espagnols de Rome, construite dans la première moitié du XVIe siècle, qui est certainement la plus intéressante église de la rue à laquelle elle a légué son nom.
→ Voir la page sur Santa Maria in Monserrato

De l’autre côté de la via della Barchetta, au 116-117, le palais construit au XVIe siècle aurait hébergé une courtisane connue à l’époque du nom de Tina. On remarquera une curieuse inscription. Elle remonte à la restauration du palais à la fin du XIXe siècle par son propriétaire Lorenzo Mocari. Cette restauration était fortement et constamment contestée, alors Mocari répondit en gravant sur l’architrave la phrase suivante : « TRAHIT SUA QUEMQUE VOLUPTAS », littéralement « Chacun est motivé par son propre plaisir », soit plus simplement « Je fais ce que je veux ».

L’édifice du 119 au 121 fut construit au XVIe siècle en regroupant deux maisons pour devenir propriété de l’hospice de la Sainte Trinité des Convalescents et des Pèlerins.

Le Palais Rocci Pallavicini situé de l’autre côté au 25 avec son beau portail surmonté d’un balcon fut construit au début du XVIIe siècle par Carlo Maderno pour Bernardino Rocci, majordome de Clément X devenu cardinal. Les carmélites achetèrent le palais en 1759 et y transférèrent leur curie depuis le Palais Barberini. Ils reconstruisirent une église contiguë qui fut détruite par les Pallavicini quand ils achetèrent le palais au XIXe.

La maison simple située en face au 24 fut construite pour les Ricci. Entre deux de ses fenêtres se trouve une très belle Madonna del Buon Consiglio avec son image du XXe siècle de la Vierge à l’Enfant dans un beau cadre en stuc du XVIIIe siècle.
A côté l’église désacralisée San Giovanni in Ayno était connue au moins depuis le XIIe siècle et a été restaurée dans les années 1590′ comme l’indique l’architrave.

Sur la place Piazza de’ Ricci, on peut voir la jolie façade du Palais de’ Ricci avec des restes de jolies fresques (→ Voir page sur le Palais de’ Ricci).
Avec une façade sur cette même place, au 149 de la rue, le Palais d’Aste a été construit à la fin du XVIIe siècle pour la riche famille des Aste. Entre les portes de magasins abaissées, le portail a une architrave encadrée de protomés de lions. Les fenêtres sont décorées de stucs, et l’édifice a une belle corniche. Une belle façade se dresse sur la Piazza de’ Ricci, où l’ancien portail fut muré. Dans la cour se trouve une intéressante fontaine contre le mur du fond entre des moulures.

Situé en face autour du 19 avec une façade en brique assez simple, le Palais Podocatari fut construit à la fin du XVe siècle pour Ludovico Podocatari, qui fut médecin d’Innocent VIII, nommé cardinal par Alexandre VI en 1500. Le portail à architrave est d’origine.

Au 152 le Palais Incoronati fut construit au début du XVIe siècle pour les Incoronati de Planca, arrivés d’Espagne à Rome au XVe siècle. Sur la façade en brique s’ouvre un beau portail en marbre surmonté d’un lion rampant avec trois bandes, armoiries des Incoronati.

A côté au numéro 154, le joli portail baroque avec volutes est celui du Palais Bossi construit au début du XVIIe siècle pour Francesco Radice qui le céda en 1628 aux Moniales Philippines, avant de devenir au XVIIIe devint propriété des Bossi de Milan, puis des Ceselli qui le restaurèrent fin XIXe. La corniche est décorée des emblèmes des Philippins.

Carte et adresse

Adresse : Via di Monserrato, 00186 Roma RM
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