Une boucle dans le quartier Regola

Façade du Ministère de la Justine

Un troisième itinéraire est proposé ici pour découvrir les rues et palais du Rione Regola, avec une boucle partant depuis la Piazza Cairoli Benedetto pour y revenir par la via Arenula.

Piazza Cairoli Benedetto

Cette place porte le nom de Benedetto Cairoli, personnage qui fut un grand combattant pendant la bataille des Cinq Journées de Milan en compagnie de Giuseppe Garibaldi lors de l’expédition des Mille pendant le Risorgimento, devenu plus tard membre du gouvernement italien.
Une partie de la place, face à l’église San Carlo ai Catinari, se trouve dans le prolongement de la via dei Giubbonari, et l’autre partie avec le jardin longe la via Arenula quand cette rue fut ouverte à la fin du XIXe siècle. Lors de cet aménagement des palais et une église qui furent détruits. Ce jardin est orné d’une statue en bronze avec Federico Seismit Doda de 1919, assis nonchalamment sur un fauteuil, l’air pensif et tenant un livre d’une main. Cet intellectuel combattit du côté de la République romaine en 1849 et fut ministre des finances de Cairoli en 1878. La fontaine réalisée par Édouard André en 1888 a un pilier qui soutient un bassin romain retrouvé à proximité en 1887.
En face de l’église, le beau Palais Santacroce fut édifié au cours du XVIIe siècle à partir d’un projet de Carlo Maderno pour Onorio Santacroce. Au XVIIIe siècle, cardinaux et diplomates y fréquentaient le très couru salon de Giuliana Falconieri, épouse du prince Santacroce. Fin XIXe siècle, il hébergea quelques années le siège de l’ambassade de France près du Saint-Siège.
Sur le portail se trouvent les armoiries des Santacroce et des Sforza Cesarini (car un de ses membres épousa une comtesse Santacroce), et les fenêtres sont décorées de festons et de fruits en stuc. De l’autre côté du vicolo dei Catinari se trouvait une écurie annexée au palais et reliée par un passage avec un arc. Dans la petite cour une belle fontaine est formée d’une Vénus qui sort d’une coquille soutenue par des dauphins et chérubins. La grande cour conservait autrefois des vestiges du proche temple de Neptune, trouvés sous l’église Santa Maria in Monticelli, dont le beau statuaire de Domitius Ahenobarbus.
L’intérieur conserve des fresques remarquables, comme celles de la galerie du XVIIe siècle de Ruggeri, ou dans un salon celles de Giovanni Francesco Grimaldi.

Via degli Specchi

La rue porte le nom de la famille Specchi qui possédait le palais au 17, où vécut en particulier Alessandro Specchi (1668-1729), un illustre architecte à l’origine de plusieurs palais prestigieux de Rome ou de l’Escalier de la Trinité des Monts. Il a un beau portail encadré de deux pilastres au style corinthien et des corniches en marbre séparent les étages. Il fut surélevé au XIXe siècle.
Au numéro 3 le Palais Fredi du début du XVIe siècle fut rénové au XIXe siècle mais garde d’anciens éléments, comme les fenêtres ou le portail avec l’inscription.

Via di San Salvatore in Campo

Dans cette rue dont la forme en fourche est inhabituelle, se trouve l’église homonyme de San Salvatore in Campo. Au numéro 43 une maison de la première moitié du XVIe siècle a appartenu à Alessandro Lancia, membre de la cour du pape Paul III, dont le nom est gravé sur l’architrave du portail sous l’oculus.
La façade a conservé des fresques, comme le grand blason avec ses six lys de Paul III Farnèse au premier étage. Au deuxième une loggia fut murée et des fenêtres ouvertes au centre des arches. Les étages sont séparés par des corniches et des frises, plus haut se voient des têtes de méduses et de lions dans des espaces rectangulaires.

Chapelle et Mont de Piété

Avec une façade principale sur la Piazza di Monte di Pietà, le Palais du Mont de Piété (ou Palais Santacroce Aldobrandini) construit au XVIe siècle accueillait l’institution ecclésiastique de prêts sur gage pour les gens les moins favorisés depuis 1603. Il fut agrandi dans plusieurs directions, notamment par Carlo Maderno qui contribua à ses extensions et embellissements, aménageant une chapelle, reconstruite aux XVIIe-XVIIIe siècles qui est un joyau du baroque romain.

→ Lire l’article sur le Mont de Piété et la chapelle

San Salvatore in Onda et Via dei Pettinari

La via dei Pettinari suit le tracé d’une rue d’origine antique menant du Pons Aurelius (Pont Sisto) au Théâtre de Pompée. Le quartier comptait des ateliers de « Pettinari », fabricants de peignes, en ivoire ou ébène, et de brosses.

San Salvatore in Onda est une ancienne église romaine, avec « onda » dérivé de « unda » qui désignait la zone en raison des fréquentes crues qui l’affectaient dues à la proximité du Tibre.
Elle est connue au moins depuis le XIIe siècle, mais fut grandement altérée avec les restaurations succédant aux inondations, dont celle du XVIIIe siècle siècle. Sa façade du XIXe siècle est d’une grande simplicité. L’intérieur recèle en revanche quelques curiosités, comme les trois nefs qui sont divisées par deux rangées de 6 colonnes antiques en marbres variés. Une Vierge à l’Enfant se trouve dans un édicule au fond de l’abside, et sous le baldaquin avec des colonnes en marbre corinthiennes se trouve sur le maître-autel l’urne funéraire avec les reliques de Vincenzo Pallotti.
Un petit escalier mène à la curieuse petite crypte, construite autour des restes d’un édifice romain du IIe siècle après J.-C., avec deux belles colonnes romaines cannelées aux chapiteaux ioniques au milieu, soutenant une voûte en croisée d’ogives. L’autel est aussi placé sur un grand chapiteau corinthien.

Au numéro 39, un ovale en stuc entouré d’un rayon solaire représente une Vierge à l’Enfant.
Le grand Palais Salomoni Alberteschi, du 81 au 87, remonte au XVe siècle et fut agrandi au XVIe siècle par les Salomoni Alberteschi, avec les portails ornés de leurs héraldiques: têtes de lion, nœuds de Salomon, et étoiles à huit pointes. Les mêmes symboles se retrouvent sur la corniche.

Hospice de la Via delle Zoccolette

Le nom de la rue est lié à la présence du Conservatoire des Santi Clemente et Crescentino, appelé Orphelinat des Zoccolette, d’un terme romain signifiant prostituée, car selon la croyance populaire c’était le destin des jeunes femmes à leur sortie de l’orphelinat. Pourtant, l’objectif de l’institution était tout le contraire, avec une éducation chrétienne et l’enseignement d’un métier.
La plaque au numéro 16 rappelle que l’ouverture de l’orphelinat, voulue par Clément XI, eu lieu en 1715 au sein du complexe de l’Hospice des Mendiants. Une autre inscription rappelle l’approvisionnement en eau du quartier grâce à l’Acqua Paola et l’Acqua Vergine.
Cet Hospice des Mendiants (Ospizio dei Mendicanti en italien) fut construit sous Sixte V par Domenico Fontana en 1587 comme refuge pour mendiants, pouvant accueillir jusqu’à 2000 personnes. En 1613 fut installée contre une de ses façades une jolie fontaine créée par Giovanni Vasanzio, donnant alors sur la Piazza del Fontanone, aujourd’hui la Piazza S.Vincenzo Pallotti. Avec les travaux de canalisation du Tibre, elle fut démontée en 1879 et remontée de l’autre côté du fleuve sur la piazza Trilussa.
Avec l’aile ouverte pour l’orphelinat en 1715, les mendiants furent transférés à San Michele a Ripa, et le reste de la structure est devenu l’Ospizio dei Centopreti (l’Hospice des cent prêtres), consacré aux prêtres peu argentés. En 1869 fut fondé ici le noyau du premier hôpital pédiatrique italien, à l’origine de l’actuel hôpital du Bambino Gesù. L’hospice fut en grande partie démoli en 1885 lors de la canalisation du Tibre, puis reconstruit en arrière, avec un portique en face du fleuve. Il abrite aujourd’hui l’Institut pontifical de Saint Clément avec le siège de Migrantes, institution venant en aide aux émigrés.
Dans un cadre allongé en stuc du XVIIe siècle près de la via dei Pettinari, se trouve une peinture du XVIe siècle, avec au centre Marie et l’Enfant, et le personnage de gauche identifié comme Saint Antoine le Grand.

Via Arenula et Ministère de la Justice

Façade du Ministère de la Justice

Cette avenue fut ouverte en 1880 pour relier le récent Pont Garibaldi au Largo de Torre Argentina, en détruisant plusieurs palais de la renaissance et quatre églises.
Le toponyme d’ « Arenula » rappelle la « rena », désignant les plages de sable créées à certaines époques par des crues du Tibre.
Le palais qui domine la rue du côté nord est celui du ministère de la Justice, projet de Pio Piacentini construit entre 1913 et 1924. Seules les Case di San Paolo sur l’arrière ont été conservées, bien que vidées et altérées. Son style s’inspire de la Renaissance, avec une façade en diamants de travertin au rez-de-chaussée, ou encore une belle corniche. Au dessus de l’entrée avec ses trois arcades il y a quatre figures en relief.
En face se trouve un palais dont la cours a une belle fontaine de la fin du XIXe siècle, avec une remarquable statue d’une Néréide, une nymphe marine.

Informations

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