Un quatrième petit parcours dans les environs du Campo de’Fiori, dans la zone où s’étendait durant l’antiquité le Portique de Pompée.
Via del Monte della Farina
Dans cette rue se trouvait le Monte delle Farine (ou Monte Frumentario), une institutions qui émergèrent en Italie à la fin du XVe siècle pour prêter aux paysans pauvres le blé et l’orge nécessaires aux semences.
Une plaque de 1727 rappelle l’interdiction de jeter des ordures, et le fait qu’un tiers de l’amende serait versée au délateur dont l’anonymat serait protégé.
Près de la jolie façade du couvent des Théatins, le palais du 19 avec ses bossages fut fondé en 1893 par les Chevaliers de l’Ordre Teutonique, comme l’indique la longue inscription, qui rappelle aussi l’antique présence du portique et de la Curie de Pompée où Jules César fut assassiné. Dans la cour une niche est occupée par une copie de la statue de Pompée originale qui fut trouvée alentour (conservée au Palais Spada).
Sur le bâtiment situé au 30 de la rue, une inscription indique que l’école de cordonniers germaniques en fut propriétaire, et rappelle la présence d’une tour médiévale du XIIIe siècle, visible depuis la cour intérieure. C’était peut-être une des tours d’un probable complexe fortifié des Orsini, avec d’autres tours reliées par un mur qui protégeait le Palais Orsini et la tour Arpacata.
Vicolo dei Chiodaroli
Le nom de cette rue perpendiculaire à la précédente est lié à la présence de fabricants de clous, qui faisait partie de la Confrérie des Ferrari, un des 14 corps institués par Grégoire XVI en 1836.
Via dei Barbieri
La Via dei Barbieri, aussi perpendiculaire à la via del Monte della Farina, est nommée ainsi en raison de la présence historique de l’Université fondée en 1443 qui regroupait barbiers, parfumeurs, coiffeurs et même les barbiers-chirurgiens qui pratiquaient la saignée. Elle s’était établie en 1560 dans l’église de la Sainte-Trinité, alors consacrée aux deux saints médecins Cosme et Damien, protecteurs des médecins, chirurgiens et barbiers. L’église fut désacralisée avec la dissolution de la Confrérie en 1870, l’église fut désacralisée, puis confiée à l’Archiconfrérie de Jésus Nazaréen. Sa façade est simple et porte une dédicace aux saints Cosme et Damien, et l’intérieur conserve un Saint Hélène attribué à Pomarancio.
En face, le Palais Cavallerini Lazzaroni fut construit au XVIIe siècle, d’abord pour un cardinal Cavallerini, avant d’appartenir aux Lazzaroni originaires de Bergame, nommés barons en 1879 par le roi Humbert Ier de Savoie. Il hébergea plus tard une école de sourds-muets, la Banque nationale italienne, une société philharmonique, et aujourd’hui des appartements et des bureaux. Son grand porche est orné de pilastres et contre le mur de l’entrée se voient les armoiries de Clément X Altieri et un sarcophage du IVe siècle de notre ère avec des scènes de chasse. Au rez-de-chaussée sont conservées des fresques allégoriques du XVIIe siècle de Giacinto Gimignani.
Via del Sudario
Dans la Via del Sudario se trouve l’église du Santissimo Sudario (église du très Saint-Suaire en français) qui était dédiée à Saint-Louis des Français avant d’être reconstruite en 1604 par Carlo di Castellamonte, puis confiée à l’Archiconfrérie des Piémontais et Savoyards. Elle fut restaurée par Carlo Rainaldi en 1678, mais réduite à une écurie en 1798 par les français. Restaurée de nouveau au XIXe siècle, elle passa sous le patronage de la Maison Royale de Savoie et fut désignée en célébration du suaire (sudario en italien) conservé à Turin, la capitale de la famille royale.
En façade, l’ordre supérieur a une fenêtre surmontée du blason de Savoie soutenu par deux lions.
L’intérieur conserve les figures de cinq bienheureux de la maison de Savoie, œuvre de Cesare Maccari et de Giovan Domenico Cerrini. Le groupe en stuc au dessus du maître-autel est une œuvre d’Antonio Raggi qui reproduit une Gloire d’Anges avec le Père Éternel avec une copie du Saint Suaire du milieu du XVIIe siècle de la franciscaine Maria Francesca Apollonia de Savoie.
L’autre église de la rue est dédiée à Saint Julien des Flamands, qui aurait été selon la tradition fondée par le pape Grégoire II au VIIIe siècle quand les flamands se sont convertis au christianisme. Un hôpital pour flamands lui était annexé, et en 1094, Robert de Flandre y séjourna avant de rallier la première croisade. L’église fut agrandie et embellie à partir du XIVe siècle et elle est restée l’église nationale belge. Dans une niche de la façade, la statue de Saint-Julien qui date du XVIIe siècle est entre les deux lions symboles de Flandre.
Au 44 de la rue, le reste d’un très beau palais est appelé Maison du Burcardo, ou Maison Argentinus, construit pour Giovanni Burkardt, maître des cérémonies pontificales de 1484 à 1506, avec son style gothique allemand tardif. Il était doté de la tour Argentina, nommée d’après Argentoratum, la dénomination romaine de Strasbourg dont Buckardt était originaire. La place voisine, le Largo di Torre Argentina, a d’ailleurs hérité du nom de cette tour. Celle-ci, d’aspect austère et sans ornement, sinon crénelée avec l’inscription Argentina, fut incorporée dans l’édifice et ne se voit plus depuis que sa hauteur fut réduite.
Le palais de Burkardt fut à sa mort acquis par le cardinal Giuliano Cesarini qui possédait un palais voisin. Il relia les deux structures par un splendide portique. Une bonne partie du palais original a disparu. Sur la façade de la via del Sudario se trouvent des fenêtres cintrées et une loggia à colonnes.
De l’autre côté de la rue, le palais Caffarelli Vidoni qui date du XVIe siècle a aujourd’hui son entrée principale sur le Corso Vittorio Emanuele II, bien que l’entrée d’origine était au 14 de la via del Sudario. Cette façade a un beau bossage, des fenêtres à pignon triangulaire, des portes d’ateliers voûtées, et à l’étage noble des fenêtres avec balustrade entrecoupées de demi-colonnes. La cour du XVIe siècle a deux ordres d’arcades soutenues par des piliers, et à l’étage des fenêtres avec des statues de personnages romains.
Piazza Vidoni et Abate Luigi
La Piazza Vidoni se nommait auparavant Piazza della Valle, avant que le cardinal Pietro Vidoni emménage au XIXe siècle dans le palais Caffarelli, qui hérita de son nom à l’instar de la place.
Au numéro 6 de la rue, c’est depuis le début du XVIIe siècle l’entrée du couvent des pères de l’ordre de Saint-Jean de Thiene, les Théatins, dans un édifice à la construction duquel contribua Girolamo Rainaldi. On retrouve l’emblème des Théatins sur le tympan du portail. L’inscription à l’angle de l’édifice est dédiée à Constance Piccolomini d’Aragon, duchesse d’Amalfi, qui légua ce palais en 1582 aux Théatins. On remarque que le long de la via del Monte della Farina, les fenêtre sont irrégulières. Dans un escalier se trouve les statues de deux papes.
Abate Luigi
A l’angle entre l’église Sant’Andrea et le palais se trouve une des « statues parlantes » de Rome, l’Abbate Luiggi (l’Abbé Luigi en français, ou Abate Luigi en italien), d’époque romaine tardive, qui pourrait représenter un consul ou un magistrat. Retrouvée sous le palais Vidoni, elle devait décorer à l’origine l’Hecatostylum, le Portique des Cent Colonnes.
C’est une des statues parlantes de la ville, avec le Pasquino, le Marforio, Madame Lucrezia, le Porteur d’eau et le Babouin.
L’origine du nom est incertain, l’hypothèse commune est qu’ « abbate » serait pour indiquer quelque-chose qui « pourrait être ou pas », car l’abbé peut être prêtre ou pas, et « Luiggi » serait (Louis en français) choisi car c’est un nom très courant à Rome.
Déplacée un temps dans le vestibule du palais, elle est à l’endroit actuel depuis 1924. Elle eu la fâcheuse habitude de perdre régulièrement la tête, comme en 1966, puis dernièrement en 2013. Actuellement elle reste décapitée.
Piazza di Sant’Andrea della Valle
Cette place où se trouve la grandiose église du même nom résulte d’un élargissement de l’ancienne Piazza Siena où s’élevait le palais des Piccolomini Senesi (d’origine siennoise) que Constance Piccolomini d’Aragon offrit en 1582 aux théatins.
Afin de réaliser cette grande église Saint-André, dédiée au saint protecteur d’Amalfi, deux anciennes églises furent modifiées. Sa dénomination complète est liée à la famille della Valle qui avait ici plusieurs propriétés.
→ Lire église Sant’Andrea della Valle
La fontaine face à l’église y fut placée en 1957, déplacée depuis la place disparue de Piazza di Scossacavalli, détruite en 1937 avec la Spina des Borghi lors des grands travaux pour ouvrir l’avenue magistrale vers Saint-Pierre traversant l’historique quartier du Borgo.
Elle fut commandée par le pape Paul V Borghese à Carlo Maderno. Du fond du grand bassin émergent quatre jets d’eau, et le petit bassin circulaire est soutenu par un tronc avec des aigles et un dragon, emblèmes des Borghese.
Le Palazzo della Valle est une extension du palais familial du XVIIe siècle, dont le beau portail est flanqué d’un édicule avec une Vierge à l’Enfant et un saint agenouillé.
Le bâtiment au nord et de style moderne d’époque fasciste est le Palais de l’INA (Institut National des Assurances) construit en 1937. Dans la loggia du dernier niveau, le mur est décoré de la louve avec les jumeaux.
Informations
Sources et liens pour en savoir plus |
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