La Basilique Saint Clément (Basilica di San Clemente al Laterano en italien), dédiée à l’évêque Clément Ier (le troisième évêque après Pierre, de l’an 92 à 99), est située dans la vallée entre les collines de l’Esquilin et du Celio, sur le chemin menant du Colisée au Latran. Depuis 1667, elle est sous la protection des dominicains irlandais.
C’est une des plus intéressantes églises de Rome, car trois bâtiments sont superposés, chacun bâti sur des vestiges plus anciens. Ainsi, on y trouve un magnifique résumé de l’histoire architecturale de la ville, qui en deux millénaires, s’éleva de plusieurs mètres en accumulant les pierres du passé.
Histoire
Les deux églises superposées ont été construites sur les restes de bâtiments antiques de l’époque républicaine, dont un entrepôt et les vestiges d’un temple du IIe siècle dédié à Mithra. Ce dernier se trouvait dans une maison du Ier siècle, qui aurait appartenu à Flavius Clemens, qui serait un des premiers sénateurs romains à s’être converti au au christianisme.
Vers le milieu du troisième siècle, l’étage supérieur de l’entrepôt (horreum) a été démoli pour construire une résidence patricienne. Elle serait devenue le Titulus Clementi où les premiers érudits chrétiens se réunissaient, comme dans les autres titulus de la ville (dont on en connait 25).
A partir de la fin du IVe siècle, la petite église fut agrandie, prenant la forme de basilique chrétienne avec une nef centrale et deux nefs latérales. Début Ve, l’abside fut construite au dessus du temple païen. L’autel et la schola cantorum sont édifiés au VIe siècle. Entre le VIIIe et le IXe siècle, elle est décorée par des colonnes de marbre et des fresques.
Cette église inférieure, redécouverte en 1860 sous la basilique actuelle, est d’un intérêt considérable en raison de ses fresques, qui sont parmi les plus importantes collections de peintures murales paléochrétiennes.
En partie en raison des destructions de cette zone de la ville causées par les normands de Robert Guiscard en 1084, l’église actuelle fut construite vers le début du XIIe siècle sous le pape Pasquale II par son cardinal Anastase. Elle est fondée sur la partie inférieure de l’édifice précédent, dont le sol est alors enterré de 4 mètres. Sa largeur est plus modeste, les trois nefs de la nouvelle église ont la même largeur que l’ancienne nef centrale.
Elle a été rénovée sous Clément XI par Carlo Fontana, au début du XVIIIe siècle, qui remania l’intérieur et construisit notamment la façade baroque en employant des colonnes antiques de granit pour le portique.
L’extérieur
Le clocher baroque à gauche de l’église remonte au début du XVIIIe siècle. Un ancien clocher se trouvait auparavant de l’autre côté.
L’entrée officielle depuis la place Saint-Clément, et réservée aux cérémonie, s’effectue par le beau portail encadré de colonnes romaines. Elle donne accès à l’atrium, qui sert aujourd’hui de cloître, dont les portiques hétérogènes sont composés de diverses colonnes antiques.
La façade sobre avec sa belle fenêtre centrale a été conçue par Carlo Fontana, construite en 1716 au-dessus des arcades du portique préexistant, remplaçant l’ancienne façade en briques.
Basilique supérieure
L’intérieur a gardé l’aspect caractéristique de l’ancienne basilique romaine, divisée en trois nefs par des colonnes romaines en marbre et en granit, avec des chapiteaux ioniques qui supportent des arcades. Elle est couverte par un plafond à caissons. Le sol en marbre polychrome est un bel exemple du style cosmatesque.
La partie supérieure de la nef, baroque avec ses arches et colonnades, porte des représentations de la vie de Saint Clément.
Dans l’abside, la splendide mosaïque du début XIIe représente le Christ sur la croix encadré par la Vierge et Saint Jean l’Évangéliste. La croix est représentée comme une vigne, avec des figures d’hommes, d’animaux, et de végétaux. Douze colombes représentent les apôtres.
Sous la mosaïque, la fresque du XIVe siècle représente les apôtres.
Précédent le chancel, se trouve la schola cantorum du XIIe siècle, typique des basiliques paléochrétiennes, qui réemploie des éléments de l’église inférieure. Au bout, le maître-autel est occupé par le ciboire médiéval. L’autel et le siège épiscopal sont aussi issus de l’ancienne basilique.
Les chapelles latérales ont pour partie été construites à posteriori, à la place de pièces du couvent démolies lors de l’aménagement de la rue sous Sixte V au XVIe siècle.
Dans la chapelle Sainte Catherine, à l’extrémité sud-est, Masolino da Panicale a peint vers 1431 une très belle fresque de l’Annonciation, probablement commencée par Masaccio, décédé en 1428.
A l’extrémité nord-ouest, la chapelle Saint-Jean Baptiste date de 1450. Celle de Saint-Cyrille au nord-est, date de 1615 (dédiée à Saint Dominique en 1715). En 1617, est bâtie la chapelle des Saints Sacrements au sud-ouest, et celle de Saint-Cyrille est aménagé en 1886. Ce dernier est célèbre pour avoir créé l’alphabet glagolitique et christianisé les Slaves.
Basilique inférieure
La basilique inférieure abritait déjà les reliques de saint Cyrille, l’évangéliste des Slaves, et qui amena depuis la Crimée les reliques de saint Clément à Rome.
Les fresques du moyen-âge précoce qui sont présentes sont d’un intérêt historique et artistique considérable. Pour la plupart de la fin du XIe siècle, elles décrivent notamment des scènes de la vie de Saint Clément.
Dans le narthex, une fresque représente la survie miraculeuse d’un enfant pris par la marée dans la mer d’Azov, où selon la tradition fut noyé Saint Clément. Une autre illustre le transfert à Rome des reliques de Saint Clément par Cyrille.
Sur les murs de la nef centrale, une fresque raconte la légende d’Alexis de Rome.
Une fresque particulièrement intéressante, fin du XIe siècle, raconte la Légende de Sisinus, théâtre d’un miracle de Saint Clément. On y voit les trois serviteurs du patricien Sisinus qui doivent tirer Clément et Théodora (la femme de Sisinus) avec des chaînes pour le punir d’avoir converti Théodora au christianisme. Les trois serviteurs, frappés temporairement de cécité, traînent en réalité une colonne de pierre alors que Clément se libère.
Des paroles accompagnent la fresque, dans un style précoce de « bande dessinée ». Elles ont un grand intérêt linguistique, Sisinus employant la langue du peuple, dite vulgaire (à l’origine de l’italien), et Clément s’exprimant en latin.
Par exemple Sisinus prononce : « Fili de le pute, traite, Gosmari, Albertel, traite. Falite dereto co lo palo, Carvoncelle!». On y voit nettement, outre l’emploi d’articles, l’influence de la langue romaine populaire. Clément lui répond en latin « Duritiam cordis vestris, saxa traere meruistis » : A cause de la dureté de ton cœur, tu mériterais de traîner des pierres.
La deuxième partie prononcée par Clément ressemble à un latin « dégénéré », suggérant que l’auteur ne maitrisait pas le latin.
Adjacent à la basilique primitive, il existait probablement un atrium avec quatre portiques.
Sous l’église, ont retrouve plusieurs bâtiments antiques sur lesquels elle fut construite : un entrepôt (horreum) et une maison avec un temple païen, qui ont en partie été dégagés.
Le premier est formé d’une grande structure rectangulaire en blocs de tuf, du Ier siècle après J.-C. . Il avait un étage qui a été détruit pour bâtir la maison patricienne au IIIe siècle de notre ère. Il comprenait aussi une cour qui n’a pas été excavée.
Une ruelle le sépare de la maison romaine. Dans la cour centrale de celle-ci, du Ier siècle ap. J.-C., un Mithraeum a été construit vers la fin du IIe siècle, petit temple dédié au culte du dieu Mithra (divinité originaire d’ Asie Mineure).
Carte et adresse
Adresse : Via Labicana, 95, 00184 Roma RM, ItalieIf you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.
Informations
Basilica di San Clemente al Laterano Via Labicana, 95, 00184 Roma |
Horaires d’ouverture Du lundi au samedi : 9h – 12h30 (entrée jusqu’à 12h) / 15h – 18h (entrée jusqu’à 17h30) Visites des vestiges souterrains |
Sources et liens pour en savoir plus |
très belle église a deux pas du Colisée ou l’on trouve une magnifique abside