Hendrik Frans van Lint,Janicule, San Pietro in Montorio  (XVIIIe)

Hendrik Frans van Lint,Janicule, San Pietro in Montorio (XVIIIe)

Mythologie et antiquité

La colline était liée à la présence légendaire du dieu Janus, dont dérive son nom Janicule, en italien Gianicolo pour « Colle di Giano » (colline de Janus en français).
Ce dieu y aurait fondé la mythique ville de Ianiculum où il régnait comme il régnait sur chaque lieu de passage. Dieu à double visage, son nom dérive en effet, du latin « ianus » qui signifie « porte » et lieu de passage. Cette symbolique du passage était en effet incarnée par la colline, se trouvant entre Rome et l’extérieur, notamment vers la mer.
Elle fut aussi appelé « Montorio » (soit « Monte d’Oro ») en raison du mica doré qui compose ses roches.
Nous savons qu’en tout cas se trouvait un sacellum, un petit sanctuaire, dédié à Fontus, le fils de Janus.

C’est le quatrième roi étrusque de Rome, Ancus Marcius (règne supposé de 641 à 616 av. J.-C.), qui aurait fortifié la colline et l’aurait reliée avec le Trastevere (où se trouvait auparavant un village étrusque) à Rome par le pont Sublicius.
Cette colline s’avéra en effet indispensable pour défendre Rome, dominant directement la rive droite du Tibre face au pont. D’ailleurs, en 477 av. J.-C., l’armée de la cité étrusque de Véies qui vainquit l’armée romaine dirigée par les Fabiens à la bataille du Cremera, se retrancha sur le Janicule et pilla les alentours avant d’en être délogée l’année suivante.

Le Janicule resta toutefois à l’extérieur des murs Serviens qui protégèrent le cœur de Rome situé de l’autre côté du Tibre, et fut intégré en partie aux murs d’Aurélien au IIIe siècle de notre ère.

La colline était aussi un lieu de sépulture, à commencer par celle du mythique roi Numa Pompilius (env . 716 – 673 av. J.-C.), le deuxième roi étrusque de Rome, ou celle du poète romain Caecilius Statius (env. 230 – 168 av. J.-C.).
Des bois sacrés occupaient aussi dans l’antiquité une partie de la colline, avec un temple dédié à Furrina, une ancienne divinité romaine des eaux souterraines et des puits.
Un sanctuaire oriental, appelé sanctuaire syriaque, ou sanctuaire d’Isis, construit vers la fin du Ier siècle de notre ère, reconstruit au IVe, se situait sur les pentes, au bas de villa Sciarra actuelle (accessible depuis la via Dandolo, généralement fermé mais visitable sur demande), consacré à des divinités d’origines égyptiennes.

Époque moderne

Au XVIIe siècle, la colline fut incorporée dans les murs d’Urbain VIII, se substituant aux anciens murs d’Aurélien dont ils reprirent en grande partie le tracé, nommés Mur du Janicule (Mura Gianicolensi).
Jusqu’au XIXe siècle, la colline était occupée par des villas et de vastes parcs comme la Villa Doria Pamphilj, la Villa Corsini ou la Villa Lante, avec leurs palais, et des églises avec couvents comme la Basilique de San Pancrazio, San Pietro in Montorio, ou le Couvent de Sant’Onofrio.

Le Janicule fut le théâtre en 1849 de batailles entre les français et les résistants de la brève République romaine de Garibaldi qui mirent en échec plusieurs semaines les troupes françaises venues reconquérir Rome pour le compte du Pape Pie IX, avant qu’elles ne réussissent finalement à percer pour entrer dans la ville.
Avec l’avènement de l’Unité italienne marquant l’aboutissement du Risorgimento, et en commémoration de la résistance héroïque face aux français, des monuments furent érigés. Le Janicule est ainsi devenu une sorte de mémorial du Risorgimento, avec au milieu de la place Giuseppe Garibaldi la grande statue équestre de Garibaldi inaugurée en 1895.

Le coup de canon

Un coup de canon tiré à blanc annonce le midi à Rome de la terrasse du Janicule depuis le 24 janvier 1904, au pied de la statue de Garibaldi.
Il était auparavant traditionnellement tiré depuis le 1er décembre 1847, à l’époque de Pie IX, du Château Saint-Ange. Cette décision fut officiellement prise pour donner une référence aux clochers des églises de Rome pour éviter que les cloches sonnent à des moments variables, les horloges de la ville étant souvent désynchronisées. Pendant quelques mois de 1903 il fut tiré du Monte Mario.
La seule interruption de cet usage se déroula pendant la deuxième guerre mondiale, pour reprendre à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de Rome (les 2712 ans) le 21 avril 1959.

Le canon employé est de nos jours un obusier mobile de la Première Guerre mondiale.

Lieux sur le Janicule

Informations

Gianicolo
Sources et liens pour approfondir