Depuis le bas de la colline du Capitole, l’escalier monumental à rampes appelé cordonata mène à l’harmonieuse Place du Capitole, imaginée par Michel-Ange au XVIe siècle, avec les trois palais qui forment un trapèze : en face le Palais Sénatorial, à gauche le Palais Neuf et à droite son jumeau le Palais des Conservateurs. Ils hébergent de nos jours les musées du Capitole.
La place est symétrique, dont l’axe court depuis le milieu du Palais Sénatorial, prolongé avec l’escalier monumental. On peut y accéder par cinq passages dont les quatre angles du trapèze.
Au centre de cet espace marqué par la Renaissance est placée sur un piédestal la statue équestre de Marc-Aurèle. Un escalier à double-rampe mène à l’entrée du palais sénatorial, devant lequel la déesse Roma occupe une niche au dessus de la fontaine encadrée des deux statues colossales du Tibre et du Nil.
Michel-Ange a aussi doté le palais Sénatorial d’un clocher central, redessina la façade avec le portique du palais des Conservateurs et créa un palais jumeau en face, le Palais Neuf.
Pavement
Le pavement est marqué par des insertions de travertin formant un grand ovale avec deux marches d’escalier descendantes vers le centre, divisé par un jeu géométrique de losanges qui oriente le regard vers le centre et la statue. Celui-ci est légèrement surélevé est entouré d’une étoile à douze branches, référence aux constellations. Il est désigné comme Caput mundi, le latin pour « tête du monde ».
Conçu par Michel-Ange le pavement n’a été réalisé qu’en 1940, les papes trouvant peut-être un sens peu chrétien à ce symbolisme.
Grand escalier et balustrade
A côté du plus ancien escalier menant à l’église Santa Maria in Aracoeli, le grand escalier conçu par Michel-Ange, appelé Cordonata, a été construit sous la supervision de Giacomo Della Porta.
Très large, il rejoint la place en pente douce avec des marches profondes et peu marquées, permettant aux cavaliers de l’emprunter sans descendre de cheval.
Sa base est encadrée par deux lions égyptiens en basalte noir trouvés dans les vestiges de l’Iseo Campense.
Sur la gauche de l’escalier, en retrait, un petit monument est dédié à Cola di Rienzo avec une statue en bronze de Girolamo Masini placée sur une base constituée de fragments variés, inauguré en 1887. Les deux statues des Dioscures, Castor et Pollux, encadrent le haut de l’escalier sur la balustrade. Elles furent découvertes au XVIe siècle dans la zone du Cirque Flaminius, probablement adjointes à un temple qui leur était dédié. A l’époque de Michel-Ange s’étaient les Dioscures actuellement Place du Quirinal qui étaient installées à leur place.
A leurs côtés, plus à l’extérieur sur la balustrade, se trouvent les « Trophées de Marius », sculptures en marbre de l’époque de Domitien qui représentent des trophées de victoire, issus de la fontaine monumentale de l’Acqua Giulia (sur l’actuelle place Vittorio Emmanuele II), placés ici en 1590. Encore plus à l’extérieur les statues plus petites sont celles de Constantin à droite et de son fils Constantin II à gauche, retrouvées dans les Thermes de Constantin. Aux extrémités de la balustrade sont posées deux colonnes milliaires de la via Appia, celle du Ier Mille à droite et celle du VIIe Mile à gauche.
Statue de Marc Aurèle
Dans sa recherche d’harmonisation de la place, Michel-Ange souhaita en 1538 placer au centre la statue équestre de Marc Aurèle, qui aurait été réalisée en l’an 176 de notre ère après le du triomphe de l’empereur à contre les populations germaniques. C’est la seule statue en bronze intacte d’un empereur romain qui soit conservée.
Elle était probablement placée vers l’actuelle Piazza Colonna où se dressait le temple dynastique des Antonins. Mais ce n’est pas certain, elle pouvait aussi se trouver par exemple sur le Forum Romain. Au moins depuis le Xe siècle elle était placée au Latran, dans la villa de Domitia Lucilla, la mère de Marc-Aurèle, là où se dresse aujourd’hui l’obélisque du Latran. Elle y était peut-être même dès le VIIIe siècle car Charlemagne s’inspira d’une statue au Latran pour en installer une semblable devant son palais d’Aix-la-Chapelle.
Sur le socle en marbre, œuvre de Michel-Ange, figurent les armoiries du sénat romain et du pape Paul III Farnèse (six lys bleus sur champ or), avec trois inscriptions. Celle de face cite trois conservateurs romains, celle de droite célèbre l’empereur et son ascendance, et celle en face du Palais Neuf rappelle la volonté des papes Paul III et Sixte IV pour installer cette statue ici.
La statue était recouverte d’or. Elle représente Marc Aurèle avec la tunique et la clamide (le manteau militaire), faisant de la main droite le signe de paix ou celui d’adlocutio (pour les prises de parole solennelles). Le cheval est en marche et lève une patte sous laquelle selon la tradition devait se trouver la tête d’un barbare prisonnier.
Restaurée de 1981 à 1988, la statue originale a été placée dans une salle du musée et c’est une copie qui est installée ici depuis 1997.
Palais
Les façades des deux palais où siégeait le gouvernement de Rome ont été totalement rénovées par Michel-Ange, celles du Palais Sénatorial et du Palais des Conservateurs, le Palais Neuf étant une copie en miroir du précédent. Ils ont été construit après la mort de Michel-Ange par Tommaso Cavalieri.
Palais Sénatorial
Le Palais Sénatorial fut érigé aux XIIIe et XIVe siècles, sur le Tabularium antique construit en pépérin où étaient conservés les archives de la Rome antique. Il accueillait le sénateur de la ville, nommé parmi les patriciens romains pour diriger la ville, fonction de maire à vie. De nos jours c’est le siège officiel de la Commune de Rome.
Auparavant, la façade principale du palais était tournée de l’autre côté vers le Forum Romain. Celle qui a été dessinée par Michel-Ange fut construite par Giacomo Della Porta et Girolamo Rainaldi.
Des pilastres de style corinthien divisent la façade qui présente un avant-corps à chaque extrémité.
L’escalier à double rampe mène au portail surmonté par une plaque commémorative de Clément VII. Devant l’escalier la fontaine fut réalisée au XVIe siècle. Au centre une niche accueille la déesse Roma en porphyre et en marbre, qui était à l’origine une statue de Minerve du Ier siècle de notre ère. De part et d’autre, se trouvent les statues romaines allongées du Tibre à droite et du Nil à gauche qui étaient dans les Thermes de Constantin. La statue du Tibre représentait d’ailleurs le Tigre à l’origine, le tigre ayant été remplacé par la louve et elle fut accompagné des attributs du fleuve.
La façade est surmontée d’une balustrade avec des statue, et au centre le clocher fut construit par Martino Longhi l’Ancien vers 1580. Sa cloche historique fut une prise de guerre de Rome contre Viterbe en 1200. Elle annonçait des événements importants, comme l’élection ou le décès du pape. Elle a depuis été remplacée deux fois.
Palais des Conservateurs
Construit au moyen-âge contre le temple de Jupiter, le Palais des Conservateurs hébergeait une autre partie de la magistrature romaine avec les conservateurs de la ville. Son portique accueillit aussi les principales corporations de marchands et d’artisans, le marché se tenait en effet sur le Capitole jusqu’en 1470.
Il fut redessiné par Michel-Ange et les travaux furent menés par Giacomo Della Porta comme pour les autres palais. Pour la première fois en architecture apparait un « ordre géant » qui s’étend sur plusieurs étages de la façade, avec ici de grands pilastres corinthiens, et des chapiteaux ioniques au niveau du portique. Elle est couronnée par une balustrade avec des statues. L’horizontalité de cette dernière, ainsi que celle des entablements, tranchent avec la grande verticalité des pilastres, conférant à l’ensemble son allure équilibrée.
Le portique, également conçu par Michel-Ange, conserva de 1473 jusqu’à la reconstruction la statue en bronze de la louve capitoline.
C’est dans ce palais que fut installé le premier musée public de Rome en 1471, à partir des donations au peuple du pape Sixte IV. La Pinacothèque est hébergée dans l’aile créée par Ferdinando Fuga.
Palais Caffarelli Clementino
Le Palais Caffarelli Clementino est devenu une extension du palais des Conservateurs, construit entre 1576 et 1583 par Gregory Canonico pour Gian Pietro Caffarelli II. Il hébergea l’ambassade d’Allemagne jusqu’à la première Guerre mondiale.
Palazzo Nuovo
Conçu par Michel-Ange afin de rendre la place symétrique, le Palais Neuf (Palazzo Nuovo) est le jumeau en miroir du palais des Conservateurs, réalisé par Vignola et achevé en 1654 par Girolamo et Carlo Rainaldi. A sa place se trouvait auparavant un simple mur séparant la place du terrain de l’église.
Les colonnes du portique portent les armoiries d’Alexandre VII et des inscriptions.
Dans la cour se trouve la colossale statue en marbre du Marforio, une des statues parlantes de Rome.
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