Un parcours menant de la Piazza di Ponte Sant’Angelo, face au pont du même nom, jusqu’au Monte Giordano avec le grand complexe de palais ayant appartenu aux Orsini, en traversant une partie du Rione Ponte, passant par la Piazza dell’Orologio.
Piazza di Ponte Sant’Angelo
La Piazza di Ponte Sant’Angelo se trouve en face du célèbre pont homonyme, le Pont Saint-Ange.
Elle fut longtemps un lieu de transit obligatoire vers le Vatican, notamment pour les pèlerins se rendant à Saint-Pierre, où convergeaient trois rues formant un trident.
C’était une place caractérisée pour son animation, dont vendeurs ambulants, artistes, tavernes et hôtels. Il s’y tenait aussi le deuxième plus important marché aux poissons à Rome, après celui du Portique d’Octavie. Mais son nom évoquait d’abord son sinistre emploi comme lieu d’exécutions capitales exemplaires, les exécutions ordinaires se tenant dans la cour de la prison voisine de Tor de Nona. Les corps y étaient parfois démembrés et exposés plusieurs jours.
La place était nommée Place Altoviti quand s’y dressait le palais Altoviti datant au XVe siècle. En tête du pont se trouvait aussi deux chapelles construites en mémoire de l’effondrement du parapet du pont en 1450 qui tua 172 personnes. Elles furent remplacées par le pape Clément VII par les actuelles statues de Saint Pierre et de Saint Paul.
Il y avait auparavant des vestiges de l’Arc de Gratien, Valentinien et Théodose, datant du IVe siècle après J.-C., probablement un arc de triomphe au bout du Porticus Maximae le long de la Via Tecta qui menait du Théâtre de Marcellus au pont Elio.
La palais avec la belle façade du XVIIIe siècle accueille l’église chrétienne évangélique méthodiste. De l’autre côté de la via dei Banchi Vecchi, c’est le palais Bonadies construit au XVe siècle avec une loggia formée d’arches, modifié à la fin du XIXe siècle. Au rez-de-chaussé se trouve les restes d’un portique qui fut construit avec des récupération d’éléments antiques, colonnes avec des chapiteaux ioniques, cadre décoré de palmes, et protomés léonins
Via Arco dei Banchi
Cette ruelle fut autrefois fermée par le riche banquier Agostino Chigi vers la via Paola par un mur pour créer une cour, appelée alors Cortile dei Chigi. La résidence de Chigi, très luxueuse, était à gauche en entrant par le passage.
Contre le montant gauche de l’arc est se voit une pierre considérée comme la plus ancienne marque d’une crue du Tibre, où la date indique l’inondation du 7 novembre 1277. A ce moment, la pierre était placée sous le porche de la proche église des Saints Celso et Giuliano, qui se trouvait auparavant sur la Piazza del Ponte (déplacée plus tard). Sous l’arc se trouvait au XVIe siècle une vierge en bois très populaire, qui a disparu et fut remplacée au XIXe siècle par une huile.
Via del Banco di San Spirito
Une grande rue appelée Canale di Ponte était constituée des actuelles Via del Banco di San Spirito et de la Via dei Banchi Nuovi, peut-être nommée ainsi car inondée lors de crues.
La Monnaie pontificale fut installée en 1504 dans un bâtiment adapté par Bramante, dont la façade légèrement concave fut réalisée par Antonio da Sangallo le Jeune vers 1520. Il a un bossage au premier niveau, et une partie supérieure ornée de quatre pilastres avec au centre un relief d’ arc de triomphe, et dans les côtés des oculus. La Monnaie fut transférée au Vatican en 1541.
En 1605, le pape Paul V fonda le Banco di San Spirito pour accueillir les dépôts (sans intérêts) et faire des prêts, qu’il installa dans la bâtiment aujourd’hui nommé Palazzo del Banco di San Spirito.
Il fut rénové par Ripoli, en ajoutant le blason de Clément IX Rospigliosi en façade, et en haut celui de Paul V Borghese, flanqué des deux statues baroques symbolisant la Charité et l’Abondance. Le blason de la banque fut inséré au centre de l’arche.
La jolie église Santi Celso et Giuliano (Saints Celse et Julien d’Antinoupolis en français) existait en 1008, mais aurait été consacrée par le pape Célestin Ier en 432. Elle se trouvait à l’origine sur la place du pont Sant’Angelo, de plus grande taille. Jules II la fit démolir pour élargir la route, puis chargea Bramante de la reconstruction, qui se termina en 1535. Elle fut de nouveau détruite par Clément XIII et reconstruite par Carlo De Dominicis en 1735.
La façade présente des pilastres et des doubles colonnes avec chapiteaux composites et un tympan d’inspiration borrominienne. Le portail surmonté d’un oculus est encadré de branches et surmonté du monogramme du Christ.
L’intérieur est de plan elliptique, avec six chapelles et un chancel rectangulaire couvert d’un dôme, où la cloche de l’an 1268 est encore en fonction.
Sur le maître-autel la toile du XVIIIe siècle représente le Christ en gloire parmi les Saints Celse, Julien, Marcionilla la mère de Celse et Basilissa l’épouse de Julien œuvre de Pompeo Batoni.
Au 42 le Palais Gaddi Niccolini fut construit par le banquier florentin Luigi di Taddeo Gaddi à partir de 1518 quand il acheta une maison des Strozzi. A l’angle il y a une belle loggia ajoutée au XIXe siècle. La cour est ornée de niches avec des statues, décorations en stuc, frise et masques. Il héberge aujourd’hui l’ambassade de la République d’Argentine. En face se trouve le palais Alberini, beau palais Renaissance du XVIe siècle.
Via dei Banchi Nuovi
Le nom de Banchi, se retrouve dans d’autres rues alentours, dont la via del Banco di San Spirito et dans son prolongement celle-ci nommée via dei Banchi Vecchi, en référence aux bancs (banchi) de négociants, banquiers, notaires, scribes ou marchands qui travaillait dans cette zone animée proche de Saint-Pierre.
Cette rue était un tronçon de la via Papalis, empruntée par les cortèges pontificaux quand le Pape venait à Saint-Pierre depuis le Latran être couronné de la tiare. Elle était aussi une partie de la via dite Canale di Ponte.
Elle prit le nom actuel quand la Monnaie pontificale fut transférée du palais Sforza-Cesarini au palais du Banco di San Spirito, incitant les banquiers florentins à ouvrir leurs bureaux ici à proximité, et avec eux les bancs se déplacèrent ici.
Habitèrent ici plusieurs personnalités, notamment Carlo Maderno au numéro 3, palais avec de jolies fenêtres et une riche corniche, et une plaque qui rappelle che Maderno, architecte de la basilique Saint-Pierre vécut ici.
Piazza dell’Orologio
Cette place est remarquable avec la belle horloge borrominienne qui se dresse au dessus du couvent des Philippins.
→ Voir la page dédiée à la Piazza dell’Orologio
Via degli Orsini
La Via degli Orsini tire son nom de l’ancienne famille romaine des Orsini qui possédèrent plusieurs propriétés à proximité comme le complexe du Palais Orsini Taverna. Ils possédèrent dans cette rue le Palais Capponi Stampa construit au début du XVIIe siècle pour Cosimo Orsini. Propriété des Stampa au XVIIIe, la cardinal Gaetano Stampa enrichit notamment la façade avec les frises aux fenêtres encore bien visibles. A l’angle avec la Piazza dell’Orologio, le bâtiment a des façades via degli Orsini, via dei Banchi Nuovi et via di Monte Giordano. La belle façade principale est via degli Orsini, avec des barres de séparation, des fenêtres avec tympans décorées de coquillages au premier, de chapiteaux au deuxième et de têtes féminines au troisième. Il y a deux portails jumeaux au RDC surmontés de têtes de faunes, menant à une grande cour avec une belle fontaine murale du XVIIIe siècle avec un édicule et l’aigle emblème des Stampa.
Une madone en stuc se trouve sur le beau cantonal bossu à angle avec la place de l’horloge éclairée par un joli lampion.
Palais Orsini-Taverna et la Via di Monte Giordano
La Via di Monte Giordano tire son nom d’une surélévation, peut-être formée par l’accumulation de matériaux en pierre provenant d’un proche port sur le Tibre. Au moyen-âge y fut dressée une fortification, dont le premier propriétaire connu était au XIIe siècle un certain Giovanni di Roncione, seigneur de Riario, avec une grande tour signalée au XIIIe siècle. Les Orsini en héritèrent et y établirent une forteresse, la colline fut d’ailleurs appelée vers 1328 Mons Ursinorum.
Le nom actuel de Monte Giordano dérive de Giordano Orsini, sénateur de Rome au XIVe siècle ou du cardinal du même nom décédé en 1438. En 1497, le palais fut incendié et pillé par les Borgia.
L’édifice fut un complexe de bâtiments nobles répartis entre les différentes branches de la famille Orsini : les ducs de Bracciano, les comtes de Pitigliano, les seigneurs de Marino puis de Monterotondo. Des personnages importants y vécurent, comme au XVIe siècle avec le cardinal Ippolito d’Este, neveu du pape et mécène qui y organisa des salons mondains.
En 1688, Flavio Orsini, très endetté et dernier duc de Bracciano, fut contraint de vendre le complexe aux Gabrielli. Ceux-ci rénovèrent une dernière fois le palais et l’agrandirent. Ils y accueillirent des personnes illustres, dont l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.
En 1815 le prince Mario Gabrielli s’était marié avec Charlotte Bonaparte et leur fils, Placido épousa en 1856 sa cousine Augusta Bonaparte. En 1888, la propriété passa aux Comtes Taverna de Milan, qui en sont encore propriétaires.
Le complexe se distingue par cinq bâtiments rassemblés entre de hauts murs du XVIe siècle qui constituent la structure originale de l’ancien palais attribué à Baldassarre Peruzzi, donnant sur via di Panico et via di Monte Giordano.
Le palais le plus ancien donne sur le vicolo Domizio, ayant une cour du XVe siècle avec un portique aux colonnes élancées.
Ce dernier est adossé au palais des ducs de Bracciano, avec une belle porte du XVe siècle et les armoiries Orsini, qui donne sur la via di Panico mais présente aussi deux avant-corps vers la via di Monte Giordano.
Le palais qui donne sur la via dei Gabrielli, uni en 1807 à l’édifice précédent, est celui des comtes de Pitigliano.
Depuis une autre cour, se trouve le palais des seigneurs de Monterotondo, dont la façade fait face à la ruelle de Montonaccio, restant cachée par la massive Tour Augusta, érigée en 1880 par la volonté de Placido Gabrielli en l’honneur de sa femme Augusta.
Depuis la grande entrée voûtée de la Via di Monte Giordano, on peut voir la cour principale du palais avec la belle fontaine construite en 1618 par Antonio Casoni et modifiée au XVIIIe siècle, avec quatre bassins successifs et concentriques reliés par des volutes. Derrière se trouvent des ours, symboles des Orsini, qui ont été déplacés par les Gabrielli.
De nos jours, le complexe abrite diverses activités, salles de réception, résidences diplomatiques, galeries d’art, ainsi que le récent espace culturel Spazio Taverna.
Au numéro 2 de la rue le palais Avila fut construit dans la seconde moitié du XVIIe siècle pour une famille de commerçants espagnols. Le portail baroque est orné du symbole des Avila, un aigle qui tient entre les griffes une branche de palmier. La corniche présente des coquilles avec des aigles, roses et lys.
Via di Panico et San Celsino
La via di Panico est une des trois rues du trident rejoignant la place du Pont Saint-Ange, où vécut probablement une famille nommée Panico.
On y voit deux Madone, au 29 un édicule du XVIIIe siècle qui conserve encore les décorations originales avec le dôme, les pendeloques avec les franges, et l’étagère en bois. L’autre près du 24 à l’angle avec le vicolo San Celso, date de 1867, où le cadre dans un panneau en marbre contient une belle image de la Vierge portant l’Enfant et Saint Philippe Neri. Dessous sous l’étagère en marbre la phrase sculptée « EXALTAVIT HUMILES ».
Dans une ruelle perpendiculaire à la via di Panico, via San Celso, le petit oratoire dédié à Saint Celse, martyrisé à Antioche en 302, date de 1561, où officia la Confrérie du Saint-Sacrement, rénové plus tard. A l’intérieur il n’y a qu’un autel du XVIIIe siècle, avec une peinture anonyme représentant Jésus avec Pierre au Cénacle, et dans la voûte une Assomption de la Vierge.
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