Cette page s’intéresse aux rues, palais et lieux de la zone de l’antique Théâtre de Pompée, au départ de la place de Campo de’ Fiori. Quasiment disparu, c’était le premier théâtre en pierres à Rome, bâti par Pompée au retour de ses victoires militaires, achevé vers 51 avant notre ère, qui jouxtait un plus ancien temple dédié à Vénus.
Le tracé des rues du quartier évoque l’allure du théâtre disparu, les constructions s’étant appuyées à partir du moyen-âge sur les vestiges antiques. Ainsi, on retrouve la courbe de la façade extérieure de la cavea le long des Piazza del Biscione, Piazza del Paradiso et une partie de la via dei Giubbonari. L’hémicycle intérieur a laissé sa courbure dans la via di Grotta Pinta et la via dei Chiavari suit l’arrière du mur de scène. Le grand portique de Pompée s’étendait depuis l’extérieur du mur de scène jusqu’à l’actuelle place du Largo di Torre Argentina, bordé approximativement par les actuelles via di Sant’Anna et via del Sudario.

Piazza del Biscione

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Piazza del Biscione

Dans cette zone de Rome, les Orsini construisirent des demeures sur les restes de vestiges antiques du Théâtre de Pompée, dont le noyau fut le Palais Orsini Pio Righetti qu’ils acquirent en 1494, construit auparavant vers 1450. Ils le restaurèrent avec notamment une horloge sur l’ancienne Tour Arpacata qui a depuis été englobée dans le palais. La base de cette tour correspond peut-être à l’édifice visible aujourd’hui depuis le Campo à gauche du Cinéma Farnèse.
Il est probable que les Orsini avaient réalisé un complexe fortifié autour du palais principal, sein de murs et muni de plusieurs tours.
Au XVIIe siècle, les nouveaux propriétaires du palais, les Pio di Savoia da Carpi, rénovèrent la majestueuse façade, avec ses fenêtres ornées d’emblèmes de la famille: têtes de lion et pommes de pin au premier étage, aigles couronnés au second. La corniche est décorée des emblèmes des Orsini.
En face le petit édifice avec ses graffitis colorés aurait accueilli les écuries du palais Orsini, et plus tard le siège d’une entreprise de location de calèches, comme en témoigne le relief avec les têtes de cheval qui encadrent l’inscription « VETTURE DI RIMESSA A(UGUSTO). PISANI ». Sur cette façade, la Madone a une fresque désignée comme Madonna del Latte.

Passetto del Biscione

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Passage du Biscione

Le Passetto del Biscione était aussi appelé Arco di Grotta Dipinta  (arc de la grotte peinte en français) car les parois étaient couvertes de peintures, des murs au plafond, avec en particulier une belle Vierge de Grottapinta du XIIe siècle, transférée au XVe siècle dans l’église de San Lorenzo in Damaso.
Il a récemment été restauré, avec ses fresques d’angelots, de colonnades et de festons.
Reliant la Piazza del Biscione à la Via di Grottapinta, ce passage couvert existait à l’époque romaine pour mener de la cavea du Théâtre de Pompée à l’extérieur.
Au XVIIe siècle y était placé un remarquable tableau de 1594 peint par Scipione Pulzone qui représente la Vierge de la Divine Providence, auparavant dans l’église voisine de Santa Maria di Grottapinta puis transférée ensuite en 1663 dans l’église San Carlo ai Catinari. Une expression romaine « Andare a cercare Maria per Roma » (Aller chercher Marie à Rome littéralement en français) dérive de cette image, car elle n’était pas facile à trouver dans ce lieu sombre et discret.
Cette image fut remplacée ensuite par une autre Marie, dite Madonna del Latte, où Marie allaite l’Enfant Jésus. C’est une des Marie qui auraient pleuré miraculeusement à Rome en 1796 lors de l’invasion française des États pontificaux. Pour immortaliser cet événement, le passage fut alors aménagé en forme de chapelle, avec l’arc du côté de la place fermé par une porte, et celui ouvert sur la rue remplacé par deux passages, entre lesquels à l’intérieur fut placée l’icône.
Le passage était devenu sale et sombre au XXe siècle, et l’icône remplacé par une photo. Il fut rénové en 2016 avec le placement d’une nouvelle image de la Vierge de la Providence de Scipione Pulzone, réalisée à partir d’une copie de l’original par Raffaella Curti.

Via di Grottapinta

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Via di Grottapinta

La rue tient son nom du passage couvert précédemment présenté qui la relie à la Piazza del Biscione, appelé un temps Arco di Grotta Dipinta pour les peintures couvrant ses parois.
Les bâtiments de la rue, construits au moyen-âge, suivent une courbe semi-circulaire, ayant épousé la courbe intérieure de l’ancienne
cavea de l’antique Théâtre de Pompée, dont les structures basses furent réemployés comme fondations. Des vestiges de celui-ci se découvrent dans les sous-sols des maisons.
Dans la rue, la petite église de Santa Maria di Grottapinta qui remonte au XIIe siècle fut confiée à partir du XIVe siècle à une confrérie qui assistait les pauvres. Elle fut rénovée au XIXe siècle quand elle était possédée par le voisin Institut Tata Giovanni, mais abandonnée en 1926 puis désacralisée jusqu’à servir d’entrepôt. Elle est de nos jours utilisée pour les expositions du Centre d’études Cappella Orsini, école d’art et centre culturel.

Largo del Pallaro

Situé dans le prolongement de la via di Grottapinta, le Largo del Pallaro tient son nom du « pallaro », un jeu semblable au Loto auquel on jouait sur cette place, qui fut toléré par l’église jusqu’en 1780.
Sa forme est un petit triangle avec sur le petit côté la façade du Couvent des Théatins, au dessus de laquelle se dresse la majestueuse coupole de Sant’Andrea della Valle. Sur les deux autres côtés se voient trois images de Marie, dont une Madonna del Buon Consiglio de style rococo, une Maria Assunta avec une fresque abîmée de la fin du XVIIIe siècle, et une avec une Vierge Marie en prière peinte au XIXe siècle.

Piazza dei Satiri

Cette place est située à l’autre bout de la via di Grottapinta. Il n’existe que des hypothèses sur l’origine de son nom de Piazza dei Satiri (Place des Satyres en français). L’une d’elles évoque la trouvaille de deux statues de satyres qui seraient issues du Théâtre de Pompée, datées de la fin de l’époque hellénique, et qui en tout cas furent installées dans le voisin Palais della Valle vers la fin du XVe siècle. Depuis 1735 elles encadrent la statue du Marforio dans le Palazzo Nuovo du Capitole.
A un angle de la place, le beau palais avec une jolie corniche est celui de la Confrérie de Santiago et Montserrat, propriété de l’hôpital de Saint Jacques des Espagnols, comme l’indique la coquille au dessus du portail. Une fenêtre aveugle de la maison d’en face est ornée d’une composition toute simple, avec une petite tablette et un cadre en bois encadrant une huile de la Vierge qui tend l’Enfant à Joseph.

Via dei Giubbonari

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Via dei Giubbonari

Caractérisée par ses boutiques de vêtements, la via dei Giubbonari mène du Campo de’Fiori à la Piazza Benedetto Cairoli, séparant les quartiers historiques des Rioni Regola et Parione. Elle aurait tiré son nom de la présence de fabricants de gilets, « giubbotto » en italien. Elle fut aussi désignée par des appellations évoquant les vendeurs de laines ou d’étoffes, et même un temps via Mercatoria pour la présence des boutiques.
Sur la gauche juste après le Campo se détachent de la façade quatre colonnes de granit surmontées de chapiteaux ioniques, reste d’un portique médiéval, probablement d’un complexe qui appartenait à la famille Orsini au centre duquel s’élevait la tour Arpacata. Cette dernière se devine peut-être dans l’édifice visible depuis le Campo juste à gauche de l’actuel Cinéma Farnèse.
Le Palais Barberini ai Giubbonari vers le numéro 37 est le palais le plus important de la rue, dit aussi Casa Grande, construit fin XVIe siècle quand Francesco Barberini est arrivé à Rome depuis la Toscane. Flaminio Ponzio fut le premier architecte, suivi par Filippo Breccioli et Carlo Maderno. Sur le bossage de l’angle sur la via dei Giubbonari, on voit au deuxième étage les abeilles des Barberini. La façade sur la Piazza del Monte di Pietà et son vestibule sont du début du XVIIe siècle. Acheté par les carmélites en 1734, ils aménagèrent une chapelle dans l’atrium. Il fut acheté plus tard par le Mont de Piété qui l’agrandirent, ajoutant notamment l’arc dit Arco del Monte. En 1870, la commune de Rome en est devenue propriétaire. Elle y installa des écoles élémentaires et secondaires.
En face du palais de l’autre côté de la rue, une petite place est fermée par l’église de Santa Barbara dei Librari avec une façade du XVIIe siècle.

Via dei Chiavari

Reliant la via dei Giubbonari au largo dei Chiavari, en limite des Rioni Parione et Sant’Eustachio, la via dei Chiavari a un nom issu des serruriers qui y étaient installés au moins depuis le XVIIIe siècle.
Son tracé suit l’arrière de la scène de l’antique Théâtre de Pompée, en limite du quadriportique, et c’est probablement pour cela qu’elle était désignée auparavant via Latrio, nom dérivé de « atrio » ou « teatro ». Lors de l’élargissement de la rue en 1863, un îlot d’édifices fut rasé, dont l’église Sant’Elisabeta.
Le palais attribué à Baldassarre Perruzzi au numéro 6 a hébergé Cassiano dal Pozzo (1588-1657), célèbre scientifique, archéologue, érudit, collectionneur, et découvreur de nombreux talents artistiques et scientifiques. Il constitua une précieuse bibliothèque, vendue au roi de Prusse par la famille Albani qui en avait héritée, mais le navire la transportant s’échoua près de Civitavecchia. Une partie rescapée fut achetée en 1762 par le roi George III, aujourd’hui pour la plus grande part conservée dans la collection royale à Windsor.
Au numéro 38 se trouvait la tour médiévale Torre Tufara, par la suite incorporée dans les bâtiments, qui faisait peut-être partie d’un complexe fortifié des Orsini avec d’autres tours et une enceinte.

Piazza del Paradiso

Le nom de la Piazza del Paradiso vient de la Locanda del Paradiso, une des plus anciennes auberges de Rome, qui remonte au moyen-âge, et occupait deux structures adjacentes (aux 46 et 47), actives jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Sur cette place étaient exposés au public les coupables de délits mineurs, ligotés sur une estrade avec parfois des pancartes au cou indiquant leurs méfaits.
Une belle madone du XVIIIe siècle est abritée par un baldaquin en métal.

Piazza del Teatro di Pompeo

Un peu à l’écart du site du Théâtre de Pompée duquel elle tire pourtant son nom, cette place était auparavant appelée Piazza Pollaroli car depuis le XVe siècle s’y tenait le marché aux volailles (« pollo » signifiant « poulet » en français). Ceccolo Pichi, un des marchands qui s’était bien enrichi, y construisit un palais vers 1460, surélevé plus tard. Il a conservé son très beau portail d’origine, décoré par un relief de têtes de chérubins et de festons. Le blason usé des Pichi se voit au dessus des fenêtres du premier étage (une colonne surmonté d’une rose avec deux oiseaux pics de part et d’autre), accompagné d’une gravure du nom de la famille.

Via dei Baullari

Le nom de la via dei Baullari évoque la présence d’ateliers de « baullari », fabricants de malles et de valises, objets que l’on peut toujours se procurer dans les boutiques actuelles. Elle fut assainie, élargie et pavée en 1517 par le cardinal Alessandro Farnese – plus tard le pape Paul III – pour qu’il dispose d’un accès direct à son futur Palais Farnèse.
La rue eu par la suite d’autres appellations, dont celui de via della Marna après la première guerre mondiale et jusqu’en 1940, en commémoration de la grande Bataille de la Marne.
Avec les travaux d’ouverture du Corso Vittorio Emanuele II, la rue fut rabaissée et une façade du superbe Palais de la Farnesina ai Baullari fut reconstruite en 1904.
L’Oratoire du Saint-Sacrement et des Cinq Plaies (Cinque Piaghe) fut édifié au début du XVIe siècle, confié à l’Archiconfrérie homonyme. Sa façade principale se situait avant la restauration du XIXe de l’autre côté en fermant une impasse. Désacralisé, c’est aujourd’hui une salle détenue par la paroisse.

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Teatro di Pompeo et Parione
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