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Tour Margana (Ettore Roesler Franz, fin XIXe)

Ce petit tour dans ce quartier à l’atmosphère moyenâgeuse, part de la charmante Place Margana, emprunte le Vicolo Margana puis la Via di Tor de’ Specchi, pour finalement rejoindre la Place Capizucchi.

Place et Tour Margana

La charmante Place Margana est baignée d’une atmosphère médiévale, avec ses édifices construits entre le moyen-âge et le XVIIe siècle, où s’était installée une puissante famille des Margana, barons romains connus depuis le XIIe siècle.

L’ensemble au numéro 39 fut construit du XIVe au XVIe siècle, avec des maisons des Margani dont la tour en briques qui est la partie la plus ancienne, achetée en 1305 à Andrea Mellini. Sa base englobe les restes d’un portique romain, dont on voit une colonne avec un chapiteau ionique. Au dessus sont aussi incrustés des fragments romains, dont un aigle et un motif végétal. C’est à cet endroit qu’un soir de 1480 Pietro Margani fut assassiné par Prospero Santacroce, dans le cadre d’une lutte séculaire entre les deux familles. 
La porte à droite de la tour a un cadre constitué par des éléments antiques. Dans une aquarelle de Roesler Franz, on voit qu’à la fin du XIXe siècle elle donnait accès à une écurie et à un garage pour chariots.
La cour sur la droite a une loggia du XVe siècle dont les arches ont plus tard été fermées.
L’ensemble à gauche de la tour date du XVIe siècle, avec son portail cintré et bossé, et une terrasse centrale entre deux corps.

Sur la place se dresse aussi le Palais Maccarani Odescalchi du XVIIe siècle construit pour les Maccarani (famille venu de Milan à Rome au XIe siècle), puis acheté par les princes Odescalchi qui en sont encore propriétaires. Il fut restauré et surélevé au XIXe siècle et héberge aujourd’hui la Représentation permanente de l’Italie auprès de l’Organisation des Nations Unies.
Il a une belle corniche dentelée, des fenêtres avec architrave, et avec corniche au rez-de-chaussée.
Le portail cintré mène à la cour où sont encastrés des fragments antiques et des inscriptions. Il s’y trouve un joli nymphée avec un kiosque, orné de bustes antiques en marbre, une roche et un protomé de lion.

En face se trouve à gauche au 32 le Palais Capocci avec son portail voûté, et à l’intérieur un vestibule à colonnes et un escalier XVIe.
A sa droite, le Palais Albertoni fut construit au XVIIe siècle pour les Albertoni en remaniant un plus ancien édifice dont seulement le portail cintré du XVe siècle a été conservé, au numéro 35, avec l’emblème des Albertoni (trois flèches et le léopord). Au 36, le portail avec le beau bossage est du XVIIe.

Au 24 le Palais Velli Cardelli fut construit au XVe siècle pour les Velli. Il fut modifié par la suite et passa par héritage aux Cardelli en 1714, puis fut possédé par une congrégation religieuse.
Les fenêtres de la façade du XVIe siècle ont différents styles. Le beau portail donne accès à la cour où une fontaine est formée d’un sarcophage.

Vicolo Margana

En remontant la place Margana et en passant à droite de la Tour Margana dans la via Margana, prendre la première à droite. Cette ruelle du Vicolo Margana a un intéressant passage voûté et surtout plusieurs restes de portiques médiévaux incrustés dans les façades.
Ces arcades réemployaient généralement des colonnes antiques issues de monuments romains démolis sur lesquelles étaient souvent placés des chapiteaux ioniques.
Plusieurs colonnes sont encastrées près du numéro 12, et quatre vers le 13.

Via della Tribuna di Tor de’ Specchi

La Via della Tribuna de Tor de’ Specchi, reliant la place d’Aracoeli à la place Margana, tient son nom de la présence de l’abside de l’église Santa Annunziata qui se trouve à l’intérieur du monastère des Oblates de Tor de’ Specchi.

Après l’angle avec la Piazza d’Aracoeli, s’étend la longue façade latérale du grand Palais Fani Pecci Blunt, avec un portail bosselé cintré, des fenêtres à architrave appuyées sur une bande entre les étages.

Au numéro 3, les restes de la tour médiévale Torre dei Boveschi est englobée dans le monastère des oblates. Elle a gardé le nom de la famille qui était propriétaire de maisons du quartier. Elle fut construite en briques, avec de visibles restructurations qui témoignent de changements d’usage dans l’histoire. Les ouvertures sont encadrées par des éléments antiques et du haut moyen-âge.
Il y a deux portes côte à côte. Celle de droite qui est murée était l’entrée d’origine, avec un linteau en marbre. La porte actuelle, construite en murant la fenêtre à gauche, est surmontée de rangées de briques en forme d’arc. Plus haut, une petite fenêtre est composée de marbres, dont un relief tressé. Encore plus haut à droite, la fenêtre encadrée de pépérin moulé est probablement du XVe siècle, à côté d’une double fenêtre en marbre. Tout en haut, la fenêtre en plein cintre est du XVe siècle.

Les Boveschi, dits aussi Boboni, était une famille de banquiers qui émettaient des prêts en lien avec la Curie papale, qui eurent souvent des charges municipales au Capitole. Célestin III fut le premier pape de la famille, de 1191 à 1198, qui en profita pour enrichir les siens. C’est d’Orso di Bobone, neveu de Célestin III, que descend la famille qui fut appelée Orsini à la fin du XIIIe (ses enfants ayant d’abord été appelés « de filis Ursi »), qui est devenue une des plus puissantes de Rome.

La façade du 3 au 4 longe le monastère jusqu’à l’abside de Santa Annunziata, à côté d’une maison du XVe siècle avec une belle ancienne fenêtre en croix. A côté l’ancienne maison présente une jolie corniche et au dessus du portail un blason qui représente une harpie dont la famille n’est pas identifiée.

Place Capizucchi

La charmante petite Place Capizucchi est séparée de la Place Campitelli par le Palais Campitelli, avec sa façade arrière similaire à la façade principale. Elle a un beau portail surmonté d’un balcon et des fenêtres à l’étage avec dans le tympan brisé une fenêtre ovale.
Sur un côté de la place, le Palais Altieri datant du XVIIe siècle est caractérisé par son beau portail cintré et des fenêtres murées. Une annexe à droite est reliée à l’édifice par une galerie soutenue par une arche.

Parcours du ghetto