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Temple de la Fortune du jour

Le vaste espace du Largo di Torre Argentina est un nœud du trafic romain avec des stations de bus et de tramway.
Au milieu, une zone rectangulaire est occupée par les vestiges d’une aire sacrée, vaste place pavée avec les restes de quatre temples de l’époque républicaine parmi les plus anciens de Rome, du début du IIIe avant notre ère pour le plus vieux.
Le lieu est aussi connu pour avoir été le théâtre dans la Curie de Pompée de l’assassinat de Jules César, aux ides de mars de l’an 44 avant J.-C.
De nos jours, une colonie féline y a établi domicile.

La place du Largo

C’est lors des démolitions des anciens édifices du quartier pendant les travaux entre 1926 et 1929, afin de réaliser la jonction de la via Arenula avec le Corso Vittorio Emanuele II, que fut révélé un des plus importants complexes archéologiques de la ville.
Le terme « Argentina » vient de la ville d’Argentoratum, l’ancien nom de Strasbourg, dont était originaire Johannes Burckardt, maître de cérémonie d’Alexandre VI Borgia, et nommé évêque par Jules II. Il avait en effet appelé l’Argentina la tour de son palais construite au XVe siècle sur la via del Sudario, hébergeant aujourd’hui le siège du Musée de Théâtre, qui fut coupé au XIXe siècle, et la tour ayant disparu. Auparavant une partie de la zone était appelée piazza dei Calcarari, en raison de la présence de fours à chaux.
Le complexe archéologique commença déjà à partir du IIIe siècle de notre ère, a connaître des spoliations et des dégradations, et il ne restait pas grand chose de visible au VIe siècle quand commencèrent à s’installer églises, maisons et potagers.
Entre le VIIIe et le IXe siècle av. J.-C., des structures en grands blocs de tuf furent construites, peut-être des maisons d’aristocrates. Une de ses bases carrés se trouvait entre les temples de Giuturna et de Fortuna, peut être une tour.

Area Sacra

L’aire sacrée du Largo Argentina est le plus grand complexe de l’époque républicaine actuellement visible, avec les restes de quatre temples allant du IVe siècle au IIe siècle avant J.-C.
Leurs identifications sont incertaines, et ont été d’abord été désignés avec A, B, C et D du nord au sud.

Le temple C est le plus ancien des quatre temples – construit au tournant de la fin du IVe siècle et le début du IIIe siècle avant notre ère – probablement dédié à la déesse Féronie (Feronia en italien), une divinité rurale de la région de la Sabine. Il se trouvait sur un podium, précédé d’un autel, et une mosaïque blanche avec des cadres noirs qui date de la restauration domitienne recouvre le sol de la cella.

le temple A, du milieu IIIe siècle avant J.-C., était probablement dédié à Juturne (Giuturna en italien), déesse des fontaines et des sources. Il aurait été fondé par Quintus Lutazius Catulus après son triomphe sur les Carthaginois en 241 av. J.-C. Dans ce temple fut construite la petite église Saint Nicolas de Cesarini en 1132, du nom de la puissante famille propriétaire du quartier. On peut de nos jours voir les restes des deux absides, dont une du XIIe siècle est décorée de saints, avec le sol cosmatesque et l’autel de la même époque.

A l’extrémité méridionale de la zone, désormais à moitié sous la rue, fut construit au début du IIe siècle avant J.-C. le temple D, dédié aux lares Permarini, les divinités protectrices des marins, ou peut-être aux nymphes. C’est le plus grand de la zone, qui fut rénové en travertin vers la fin de la république.

Le sol en dalles de tuf fut probablement installé après le grand incendie de 111 avant J.-C., construit sur une épaisseur de gravats de près d’un mètre.
Au niveau de celui-ci se dresse le temple B circulaire situé sur un podium, identifié comme le temple de la Fortuna Huiusce Diei (la Fortune du jour présent), construit pour célébrer la victoire des romains contre les Cimbres à la bataille de Verceil menée par Marius, près de l’actuelle Vercelli (en 101 avant notre ère). Contre celui-ci fut retrouvé une grandiose acrolithe (une statue avec tête et parties nues en marbre ou en bois, le reste étant en métal), probablement Fortuna, dont les fragments sont aujourd’hui conservés au musée de la Centrale Montemartini, dont la tête seule avait 1,46 m de hauteur.

Derrière les temples B de Fortuna et C Feronia, un grand socle de tuf est un reste de la Curie de Pompée, là où se tenaient les séances du Sénat de Rome, où lors des Ides de mars du 15 mars 44 avant notre ère (le jour de la célébration du dieu Mars) César fut poignardé par les conjurés, au pied de la grande statue de Pompée (aujourd’hui conservée au palais Spada).

L’espace entre le temple A de Juturne et le temple B de Fortuna fut aménagé pour abriter le Statio Aquarum, siège de l’administration des eaux de Rome.

Après l’incendie de 80, un nouveau pavage en travertin – dont il reste des parties – fut installé.

Les restes de colonnes à côté du Temple de Juturne, longeant la bordure nord, sont celles du grand portique dit Porticus Lentulorum (du nom de ses constructeurs, les Lentuli), désigné aussi Hecatostylum (litt. portique des 100 colonnes).
Côté oriental se trouve des restes du portique Minucia Vetus qui englobait notamment l’ensemble de la zone sacrée.

Le long du bord ouest se trouvent des restes de latrines, de part et d’autres de restes du portique de Pompée qui précédait le théâtre homonyme.

Monuments alentours

L’isolée tour du Papito a survécu aux travaux de démolitions alors qu’elle devait disparaître. Elle est accolée au bâtiment néo-médiéval, dont les colonnes datent de la démolition, dite Casa dei Boccamazzi (qui furent propriétaires de la tour).

Teatro Argentina

La construction du Teatro Argentina date de 1732, par le souhait du duc Giuseppe Cesarini Sforza dans l’espoir de remédier aux problèmes financiers de sa famille en créant une salle d’opéra, en exploitant le terrain resté improductif. L’intérieur était en bois en forme de fer à cheval. Il fut considéré comme le plus important théâtre de Rome au XVIIIe siècle. La façade date toutefois de 1826, avec ses cinq entrées voûtées du rez-de-chaussée surmontées d’autant de grandes fenêtres, puis un bas-relief et un faux attique avec l’inscription « Alle arti di Melpomene, d’Euterpe e di Tersicore » (les muses de la tragédie, de la musique et de la danse), et au dessus un faste avec un trophée flanqué de deux trucs.
Il y eu plusieurs rénovations par la suite et une transformation radicale achevée en 1861 après qu’Alessandro Torlonia l’avait acheté aux Sforza en 1843. La commune de Rome l’acheta en 1869, et il devint le siège du « Teatro di Roma » en 1971. Les façades furent restaurées en 2012.

Galerie

Carte et adresse

Adresse : Largo di Torre Argentina, 00186 Roma RM, Italie
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Largo di Torre Argentina
00186 ROMA

Sources et informations