La belle église de San Giovanni-Battista Decollato fut édifiée à la fin du XVe siècle par l’Archiconfrérie de la Miséricorde de San Giovanni Decollato sur la prétendante église Santa Maria della Fossa.

L’Archiconfrérie de la Miséricorde

La confrérie était un groupe de laïcs fondé à Florence en 1244, qu’Innocent VIII autorisa en 1488 à accomplir à Rome son office de charité, soit d’assister et d’accompagner les condamnés à mort et d’enterrer leurs corps. Elle compta parmi ses membres des personnalités célèbres telles que Michel-Ange et Vasari, les papes Clément VIII, Urbain VIII et Clément XII. Parmi ses « patients » les plus connus, figurait Giordano Bruno, brûlé sur le bûcher à Campo dei Fiori en 1600.

A la veille d’une exécution, les confrères sortaient à la tombée de la nuit de l’église San Giovanni Decollato dans leurs manteaux noirs, se dirigeant vers la prison de Tor de Nona ou celle de Corte Savella. Ils traçaient leur chemin à la lumière d’une bougie et au son d’une cloche pour annoncer l’exécution du lendemain, jusqu’à rejoindre les condamnés pour une longue veillée nocturne.
Après l’exécution, les corps des condamnés alors « en paix avec Dieu » étaient enterrés par les confrères.
A partir de 1540, la confrérie a obtenu le privilège de libérer un condamné à mort chaque année, le 29 août, jour de la découverte de la tête du Baptiste. Il en reste le témoignage, dans le petit musée, avec la robe rouge que les confrères faisaient porter au prisonnier libéré et l’urne qui contenait les fèves blanches et noires, qui servaient à choisir le chanceux qui aurait la vie sauve.
Selon une légende, les romains se réunissaient après minuit devant l’église pour prier les âmes des exécutés afin qu’elles leur révèlent les numéros gagnants de la lotterie.

L’église

La façade simple rappelle celle des temples antiques, divisée par quatre pilastres doriques et couronnée da la corniche et du tympan. Au centre le portail du XVIe siècle avec l’inscription « Per misericordia » est surmonté d’une fenêtre semi-circulaire et de deux niches.
Au dessus du portail de la porte à gauche de l’église, se trouve une intrigante tête en marbre de saint Jean-Baptiste, entourée de l’inscription « Misericordiae Archiconfrater », l’emblème de l’Archiconfrérie.
Cette porte donne accès au cloître.

Intérieur

L’intérieur est formé d’une seule nef avec trois niches de chaque côté séparées par des pilastres doriques. Il est couvert de fresques d’artistes toscans de la fin du XVIe siècle avec des figures de saints.
Le plafond à caissons est orné des croix et des lys de Florence, avec au centre le visage de Saint Jean-Baptiste. Le sol de l’église en marbre polychrome date du XVIIIe siècle.
Un arc précède le chancel et le maître-autel qui conserve la splendide Décapitation de Baptiste de Giorgio Vasari de 1553. Le chancel du XVIIIe est décoré de marbres précieux, stucs et dorures.
Les autels conservent des œuvres d’art remarquables, dont la Nativité de saint Jean-Baptiste de Jacopo Zucchi dans le premier à droite, l’Incrédulité de l’apôtre Thomas de Francesco Salviati dans le suivant (probable copie de Jacopo Zucchi), et la Visitation de Pomarancio dans le troisième.
A gauche, on trouve d’abord une fresque avec la figure de la Madonna del Latte (issue de l’ancienne église Santa Maria della Fossa), puis le Martyre de Saint Jean l’Évangéliste soumis au martyre de l’eau bouillante de Battista Naldini, puis un crucifix en bois.

Oratoire

L’oratoire est une salle rectangulaire annexe qui accueillait réunions ou services religieux. Il est recouvert d’un splendide cycle pictural illustrant huit épisodes de la vie de Saint Jean-Baptiste, réalisé par des artistes célèbres du maniérisme florentin, comme la Prédication du Baptiste (1538) et le Baptême du Christ (1541) de Jacopino del Conte, la Naissance du Baptiste (1551) et la Visitation (1538) de Francesco Salviati, et celles de Pirro Ligorio. Dans la Visitation, le personnage barbu a été identifié à Michel-Ange, celui-ci ayant en effet appartenu à l’archiconfrérie.

Cloitre et musée

Le cloître fut construit entre 1535 et 1555, avec trois portiques dont les fines colonnes soutiennent des arcades en plein cintre, typique de l’architecture florentine. Sous les arcades de nombreuses pierres tombales sont murées, alors qu’au sol se trouvent les sept trappes par lesquelles étaient descendus les corps des exécutés, six pour les hommes et une pour les femmes. Leur couvercle en marbre porte l’inscription « Domine, cum veneris judicare, noli me condemnare », c’est-à-dire « Seigneur, quand tu viendras juger, ne nous condamne pas ».
Un escalier mène au musée dit chambre historique de l’archiconfrérie, contenant des documents et des reliques précieuses, dont restes de procès, poteaux, bûchers, le panier pour recueillir les têtes des décapités, la condamnation à mort de Giordano Bruno, le grand crucifix qui ouvrait les cortèges se dirigeant vers l’échafaud, ou le brancard pour ramener les corps. Parmi les objets exposés se trouvent les capes noires des confrères, leurs couvertures, les flasques pour le vin donné au condamné, des cordes des pendus, etc. Des registres racontent des personnages et les derniers jours de certains d’hérétiques, assassins, et criminels, dans un contexte où les familles patriciennes et le Pape s’imposaient jusque dans les verdicts.

Carte et adresse

Adresse : Via di S. Giovanni Decollato, 22, 00186 Roma RM
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Galerie

Visite et informations

Chiesa San Giovanni Battista Decollato
Via di S. Giovanni Decollato, 22, 00186 Roma

Visites

  • Les 24 juin (fête de Saint-Jean Baptiste), réservation conseillée
  • Visites guidées sur réservation (actuellement suspendues (au 01/12/22))

Liens et informations