La basilique Sant’Agostino in Campo Marzio (Saint-Augustin du Champ de Mars en français) est une des premières églises de la Renaissance, construite à la fin du XVe siècle sur un édifice plus ancien, à proximité de la Place Navone sur l’ancien Champ de Mars.
L’ancienne Via Recta (devenue la Via dei Coronari) face à l’église était au moyen-âge une des principales voies pour les pèlerins se rendant à la Basilique Saint-Pierre.
Elle abrite la Madonna di Loreto (ou Madone des pèlerins), l’une des plus belles œuvres du Caravage (1604). Sur un pilier, la très belle fresque de Raphaël du Prophète Isaïe (1512) se trouve au dessus de l’élégante sculpture de Sainte Anne et la Vierge à l’enfant d’Andrea Sansovino.
L’autel a été remanié par le Bernin et l’intérieur fut rénové en 1750 par Luigi Vanvitelli.
La mère de Saint Augustin (Thagaste 354 – Hippone 430), Sainte Monique (Thagaste 331 – Ostie 387) y est inhumée.
Historique
Le site était occupé par l’ancienne église Saint-Tryphone (San Trifone in Posterula), qui remonterait au VIIIe siècle et qui fut reconstruite en 1006 par Crescenzio, préfet de Rome. Le nom de posterula est issu des ouvertures abusives que la population ouvrait dans les proches remparts pour accéder au Tibre.
En 1287, le pape Honorius IV confia l’église à l’Ordre de Saint-Augustin. Ces derniers décidèrent en 1296 avec le pape Boniface VIII d’édifier une nouvelle église pour leur couvent. Sa construction dura jusqu’en 1446. En 1424, les reliques de Sainte-Monique, la mère d’Augustin, y furent transférées depuis une église d’Ostie. Le sanctuaire s’avérant trop petit et trop bas par rapport au Tibre (sujet aux crues), l’église fut reconstruite entre 1479 et 1483, sous Sixte IV par Giacomo di Pietrasanta et Sebastiano di Firenze, avec le financement de Guillaume d’Estouteville, archevêque de Rouen et chancelier papal, perpendiculairement à l’édifice précédent en haut d’un bel escalier.
Après l’achèvement de la basilique, les Augustins s’y installèrent et abandonnèrent l’ancienne église, dans le complexe, à la confrérie du Saint Sacrement. L’ancienne église a été détruite en 1746, lorsque Luigi Vanvitelli agrandit le couvent de Sant’Agostino. Ce dernier rénova intégralement l’intérieur de la basilique entre 1746 et 1750,dont la coupole hémisphérique sur tambour, la voûte, l’ajout des volutes latéraux en façade et la transformation du clocher en tour carrée.
Description et visite
La façade inspirée de l’église de Santa Maria Novella à Florence a été conçue par Leon Battista Alberti, construite en 1483 par Jacopo da Pietrasanta avec des pierres de travertin issues du Colisée. Les deux rouleaux latéraux ont été ajoutés par Vanvitelli, qui entre 1746 et 1750 a aussi érigé le nouveau couvent et le cloître. Le blason du cardinal d’Estouville se voit dans le tympan au dessus de la porte. La petite fresque au dessus représente la Consigne de la Règle augustinienne (XVIIIe siècle).
L’intérieur de la basilique comporte trois nefs, divisées par des piliers soutenant des arcs en plein cintre, avec dix chapelles latérales, transept et abside flanqués de quatre autres chapelles.
Au dessus des arcs sont présentées 12 histoires de la vie de la Vierge Marie.
Chapelle Cavalletti
La première chapelle de gauche conserve la peinture de la Madonna di Loreto (ou Madone des pèlerins (1604-1606), l’un des chefs-d’œuvre les plus célèbres du Caravage, dont les traits de Marie seraient ceux d’une certaine Lena, où l’artiste met particulièrement en lumière l’humanité des pèlerins.
Cette œuvre fut commandée au Caravage, au début du XVIIe siècle, par le notaire bolonais Cavalletti pour la chapelle familiale. Elle n’a pas bougé depuis son installation, fait rare pour une telle œuvre.
Lors de son exposition, le tableau fit sensation car le modèle pour Marie aurait été Maddalena Antognetti, dite Lena, peut-être une courtisane, voir l’amante même du Caravage. Toutefois, c’est surtout l’aspect des pèlerins qui choqua à l’époque, l’usage étant jusqu’alors d’idéaliser les pèlerins, et non de les représenter comme ici sales, mal vêtus, avec la peau ridée et abîmée.
En tout cas, la jeune femme Lena fut au centre d’une histoire « caravagesque ». Celle-ci avait en effet posé pour le Caravage contre la volonté de son prétendant le notaire Mariano Pasqualone. Ce dernier aurait alors insulté la mère de Lena et le Caravage. L’artiste, connu pour son caractère sanguin et peu accommodant, attaqua alors Pasqualone à la hache sur la Place Navone. Le Caravage fut dès lors forcé de demander l’asile, justement dans l’église de Saint-Augustin, avant de s’enfuir à Gênes.
Œuvres et chapelles de la nef
Sur le troisième pilier de gauche, l’église conserve une fresque célèbre du prophète Isaïe (1511-1512), œuvre de Raphaël. Juste dessous, la statue de Sainte Anne et de la Vierge à l’Enfant (1512) est d’ Andrea Sansovino. C’est une œuvre célèbre aussi car le jour de la Sainte-Anne, les poètes romains venaient accrocher autour leurs poèmes.
Sur le mur d’en face, la Madonna del parto de Jacopo Tatti dit le Sansovino (1516) est très connue des romains et considérée comme miraculeuse. Une légende prétend qu’elle aurait été adaptée d’une effigie antique d’Agrippine tenant le petit Néron dans ses bras. Elle est considérée comme protectrice des femmes enceintes depuis le XIXe siècle. Son pied du être remplacé par un pied en argent car il fut rapidement usé après que Pie VII accorda au début du XIXe siècle une indulgence à ceux qui l’embrassaient.
Le maître-autel a été remanié par le Bernin vers 1626-1628, où les deux anges qui le surmontent furent peut-être exécutés par un de ses élèves. L’icône byzantine de la Vierge à l’Enfant provient de Saint-Sophie de Constantinople.
Le tabernacle en marbre du maître-autel, typiquement baroque, a été conçu par Orazio Torriani.
La troisième chapelle de gauche dédiée à Sainte Claire (Santa Chiara) a un retable de Sebastiano Conca du XVIIIe.
Dans la quatrième, Sainte Apolline (Santa Apollonia) est représentée par une œuvre de Girolamo Muziano du XVIe, avec des peintures de Francesco Rosa (1638-1687), élève de Pietro da Cortona.
La troisième chapelle de droite, dédiée à Sainte Rita, est une œuvre de Giovanni Contini (1641-1723).
La quatrième est dédiée à Saint Pierre avec un groupe en marbre de 1569 de Jean-Baptiste Cassignola avec Jésus qui remet les clés à Saint-Pierre et dans le tympan brisé au-dessus de l’autel, un Dieu le Père entouré de chérubins attribué à l’école de Pinturicchio (fin du XVe siècle).
La dernière chapelle de droite, du Crucifix, conserve un précieux Crucifix en bois du XVIe.
Transept et chœur
La chapelle de droite du transept, dédiée à Saint Augustin, abrite un saint Augustin, avec Jean-Baptiste et Paul l’Ermite (Paul de Thèbes) du Guerchin du XVIIe et sur les côtés un Saint Augustin et Saint Augustin défait les hérésies de Lanfranco du XVIIe aussi.
Côté gauche, la chapelle Saint Thomas Villanova est décorée de beaux marbres, d’une sculpture Saint Thomas Villanova et la Charité de Melchiorre Caffà et Ole Ferraole (XVIIe) et sur le tympan un Dieu-le-Père d’Ercole Ferrata.
Le maitre-autel est encadré à droite par la chapelle Saint Nicolas de Tolentino, et à gauche la chapelle Sainte Monique, mère de Saint Augustin. Celle-ci conserve une toile de Giovanni Gottardi du XVIIIe, et les fresques de la voûte de Giovanni Battista Ricci. La dépouille de Sainte Monique (331-387) y est conservée, déplacée ici depuis l’église de San Trifone, sur le côté gauche, avec le sarcophage dont une partie est l’original avec lequel elle fut enterrée à Ostie, et la partie supérieure sculptée par Isaïe de Pise en 1455. L’urne sous l’autel conserve les reliques.
Dans la voisine chapelle des saints Augustin et Guillaume, à gauche Saint Guillaume soigné par la Vierge est un des chefs-d’œuvre de Lanfranco.
Autres œuvres
Outre le tombeau de sainte Monique, s’y trouvent aussi ceux du poète Maffeo Vegio de Lodi (1407-1458), de Contessina de Médicis (1478-1515), l’avant-dernière fille de Laurent de Médicis, du cardinal et humaniste augustinien Gilles de Viterbe (1469-1532) et du cardinal Girolamo Verallo (1497-1555), des cardinaux Lorenzo et Renato Imperiali.
Un premier orgue existait déjà en 1431, issu de l’ancienne église de Sant’Agostino, remplacé vers 1658, puis en 1682 à la suite d’un incendie, et de nouveau en 1838. Le dernier fut construit en 1905 par Carlo Vegezzi-Bossi, restauré dans les années 2000.
Situé sur la tribune des chantres en contre-façade, l’orgue dispose de trois claviers de 58 notes chacun, un pédalier à 30 marches et une transmission mécanique.
Carte et adresse
Adresse : Piazza di S. Agostino, 00186 Roma RM, ItalieIf you see this after your page is loaded completely, leafletJS files are missing.
Informations
Chiesa Sant’Agostino in Campo Marzio Via della Scrofa, 80, 00186 Roma |
Visite, horaires |
Sources et liens pour en savoir plus
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