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Casa di Pietro Paolo della Zecca

La Via dei Banchi Vecchi est une intéressante rue de Rome, « banchi » (bancs en français) se réfère aux bancs des banquiers, notaires, scribes et marchands divers qui s’affairaient ici, la zone étant proche de Saint-Pierre ; devenu « vecchi » (anciens) quand beaucoup s’installèrent plus loin.
Elle était autrefois partagée en deux, avec une partie nommée « Chiavica di Santa Lucia del Gonfalone » en raison de la présence d’un cloaque (chiavica) et de l’église du même nom, et l’autre appelée « Cancelleria vecchia » quand y était installée la Chancellerie du Saint-Siège dans le Palais Sforza Cesarini, avant la construction du palais de la Chancellerie.

Parcours

Au tout début de la rue et face au carrefour, au numéro 148 avec la façade étroite, l’édifice nommé Casa di Pietro Paolo della Zecca sépare deux rues, via del Pellegrino et via di Monserrato, à la frontière des deux quartiers de Parione et de Regola. Zecca signifie Hôtel des Monnaies, et son nom est issu du surintendant de la Monnaies Pontificale qui y exerçait.
C’est un bâtiment de la seconde moitié du XVe siècle, dont la façade fut décorée de fresques au début du XVIe siècle par Polidoro da Caravaggio et Maturino da Firenze. Réduites à l’état de traces, elles racontaient l’histoire légendaire de Clelia, jeune romaine de l’antiquité qui s’échappa du camp étrusque du roi Porsenna qui la retenait prisonnière.
Sur la petite façade se voit le beau portail et au dessus une fenêtre pour chacun des trois étages avec leur cadre semi-circulaire en travertin, puis au quatrième une loggia avec une arcade encadrée de colonnes qui s’étend sur les autres façades.
En 1452, Frédéric III de Habsbourg séjourna ici, venu à Rome pour être couronné empereur du Saint-Empire romain germanique. Un relief rappelle cet événement, avec la sculpture de l’aigle des Habsbourg. Il fut déplacé après 1870 et le Risorgimento dans la cour du Collège Santa Maria dell’Anima, l’église des germains, car cet aigle symbolisait la récente domination autrichienne en Italie. A la base du relief est gravé « AEIOU », acronyme interprété sans en avoir de preuve officielle, en allemand « Alles Erdreich Ist Österreich Untertan » (Le monde entier est soumis à l’Autriche en allemand), ou en latin « Austriae Est Imperare Orbi Universo » (C’est à l’Autriche de gouverner le monde).

Au 145, une stèle incrustée au mur, appelée Pomerio di Claudio, rappelle un agrandissement du Pomerium (les limites sacrées de la ville, de l’urbs) réalisé par l’empereur Claude en l’an 49 après J.-C., dont les frontières furent marquées par 142 stèles (dites cippes). Le texte dit « Tibère Claude Drusus, fils de César Auguste Germanicus, Grand Pontife, en sa neuvième puissance tribunicienne, salué empereur pour la seizième fois, consul pour la quatrième fois, Censeur, Père de la Patrie, ayant accru les frontières du peuple romain, a élargi et défini le Pomerium – 35 ».

Une première église Santa Lucia del Gonfalone était à l’origine dans la via del Gonfalone, avec l’oratoire et un hospice datant de la fin du XIIe siècle.
via-dei-banchi-vecchi-roma_4509L’église actuelle fut construite en 1511, aussi appelée Santa Lucia Nuova, et fut confiée à l’Archiconfrérie du Gonfalone. L’église a été reconstruite en 1764 par Marco David, et l’intérieur a été décoré par Francesco Azzurri en 1866. Le beau maître-autel a une toile du XVIe siècle dédiée à la Madonna del Gonfalone.

L’archiconfrérie du Gonfalone remonte à une ancienne congrégation romaine du XIIIe siècle voulue par 12 nobles romains pour créer une association de charité, nommée Raccomandati di Madonna Santa Maria, instituée en 1246 et qui siégeait à Santa Maria Maggiore.
Elle prit de l’influence dans la vie de Rome au XIVe siècle, et fut appelée Raccomandati del Gonfalone. Le terme « gonfalon » (drapeau ou étendard) rappelle un événement quand Rome connaissait des luttes de factions et des disettes. Le vicaire du Pape avait été chassé de Rome par Luca Savelli qui pris le pouvoir dans la ville. Le Pape Clément VI, en Avignon, chargea des sénateurs de former un gouvernement. Mais le peuple prit l’initiative et se rassembla « sous la bannière » de la congrégation des Raccomandati di Maria, chassant sans effusion de sang Savelli et la congrégation approuva Giovanni Cerrone comme chef. A partir de cette épisode elle prit le nom de Raccomandati del Gonfalone en référence à la prise de position des romains sous leur drapeau.
Plus tard 250 congrégations s’agrégèrent pour constituer l’ archiconfrérie.

Presque en face au 132 se trouve la Casa dell’Ospizio dei Pellegrini Boemi (Maison de l’Hospice des Pèlerins de Bohême), où l’inscription en façade rappelle sa construction en 1457 sur le souhait de l’empereur Charles IV alors qu’il était en ruine. Surélevé au XIXe siècle, l’édifice garde une allure du XVe siècle avec un beau portail avec son bossage en arc.
L’hospice remonte à 931, quand il fut fondé par le roi Boleslav Ier de Bohême venu en pèlerinage à Rome. A l’occasion de sa venue à Rome en 1354 pour son couronnement impérial, le roi de Bohême Charles IV légua à l’hospice des financements pour reconstruire l’édifice.

L’original et étroit palais situé au numéro 24 fut construit en 1539 pour Pietro Crivelli, un riche orfèvre milanais. L’édifice est nommé Casa dei Pupazzi (Maison des poupées en français) avec ses riches décorations en stuc sur la façade. Ce fut aussi le premier emplacement connu à Rome du Mont de Piété, Crivelli ayant mis des locaux à la disposition de la Cour pontificale pour laquelle il travailla.
Au premier étage, les décorations entre les fenêtres représentent des trophées romains de boucliers et de cuirasses, surmontés de masques grotesques et des têtes léonines. Au deuxième étage, les fenêtres sont surmontées de pignons, entourées d’angelots, de chandeliers, ou de satyres tenant des festons. Le dernier étage imite une loggia, avec les fenêtres séparées de pilastres et surmontées de bas-reliefs qui représentent deux épisodes du pontificat de Paul III : Charles V qui embrasse le pied du pape, et Paul III réconciliant Charles V et François Ier à Nice.

La structure d’origine du palais Sforza Cesarini fut construite en 1458 pour Rodrigo Borgia, alors neveu du pape Calixte III. Quand il fut nommé le pape sous le nom d’Alexandre VI en 1492, il céda son palais au cardinal Ascanio Sforza.
Le palais fut habité par des Sforza et des Della Rovere, et il accueillit aussi les bureaux de la chancellerie. Avec l’ouverture du Corso Vittorio Emanuele II en 1886 l’aile sur celui-ci fut réduite. La façade sur la via dei Banchi Vecchi date de 1730, œuvre de Pietro Passalacqua, avec au 118, le grand portail surmonté d’un balcon à balustrade. Il demeure du palais d’origine l’aile droite visible dans la cour avec le portique du XVe siècle et une loggia avec ses arcades murées.

Carte et adresse

Adresse : Via dei Banchi Vecchi, 00186 Roma RM
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