L’influence du culte d’Isis se diffusa dans le monde romain à partir de la fin du IIe siècle avant notre ère. En 43 avant notre ère, le second triumvirat fit construire un temple d’Isis sur le Champ de Mars à Rome. Situé entre le Saepta Julia et le Temple de Minerve, c’était le plus important sanctuaire égyptien de Rome, dédié à Isis et Sérapis, aussi désigné comme l’Iseo Campense, en français l’Iséum du Champ de Mars.
Toutefois, le populaire culte consacré à Isis fut réprimé à certaines périodes par l’aristocratie romaine. Ainsi Dion Cassius rapporte qu’en l’an 53 avant notre ère, le sénat ordonna la destruction de tous les temples privés dédiés à Isis et Sérapis à l’intérieur des murs de Rome. Cependant il fut décidé par Auguste de seulement confiner le culte, mais plus tard Tibère fit raser l’Iséum en l’an 19 après J.-C. et fit jeter la statue de la déesse dans le Tibre.
Il fut reconstruit d’abord par Caligula en 38 de l’ère commune, puis après le grand incendie de l’an 80 par Domitien et Alexandre Sévère. Claude, Néron et Vespasien favorisèrent le culte de la déesse et l’apogée de sa diffusion fut atteint avec Caracalla qui l’associa à la religion d’État.
Description du sanctuaire et vestiges
Le sanctuaire s’étendait sur une superficie d’environ 240 par 60 mètres. On a une idée de sa position avec le plan en marbre de la Forma Urbis Severiana : entre la via del Seminario, la piazza di San Macuto, la via di San Ignazio, la piazza del Collegio Romano, la via di San Stefano del Cacco, la Via del Gesù, comprenant l’abside de Sainte Marie de la Minerve.
L’espace du sanctuaire était divisé en trois parties, avec un sanctuaire extérieur vers le sud, une cour rectangulaire plus au nord, puis un temple rectangulaire avec un dromos au milieu menant à l’Iséum, vaste de 100 par 60 mètres.
Au niveau du haut de l’actuelle via del Piè di Marmo, on accédait à la cour rectangulaire par des arcs monumentaux. Vers l’ouest, l’Arco Quadrifonte avait près de 21 mètres de haut et menait au sanctuaire voisin de Saepta Iulia, en passant par le portique de Méléagre qui longeait l’actuelle via del Gesù.
Côte oriental, l’Arco di Camigliano dont on peut voir un bout de pilier en travertin dans la base du bâtiment à l’angle de la place du Piazza del Collegio Romano avec la Via di Sant’Ignazio, menait à un autre espace. Toutefois, cet arc détruit au XVIe siècle correspondait probablement au plus ancien Arc d’Isis. On le croyait disparu jusqu’à retrouver ce pilier.
Sur cette place le plan de la Forma Urbis indique un carré supportant un obélisque, probablement celui désormais Place Navone, et un élément circulaire qui serait la fontaine de la Pigna (pomme de pin), désormais dans la cour des Musées du Vatican. S’y trouvaient aussi les deux grandes statues du Nil et du Tibre (aujourd’hui respectivement aux Musées du Vatican et au Louvre), les deux lions aussi dans la Cour de la Pigna du Vatican (dont des copies existent devant la Fontaine du Moïse), et ceux à la base de l’escalier de la Cordonata.
Vers le nord, une avenue monumentale, le dromos, était flanquée de statues de divinités, d’animaux, sphinx et probablement des autres obélisques trouvés dans la zone. Elle menait au Temple d’Isis (Iséum),
le cœur de l’Iseo Campense, situé peut-être au niveau de l’actuelle église Santo Stefano del Cacco. On sait grâce à un sesterce de l’époque de Vespasien (www.eugubium.it), qu’il était tétrastyle avec une représentation de la déesse Isis à cheval sur un chien et entourée de six étoiles. Les sculptures égyptiennes encadraient l’escalier principal. Il accueillait probablement la statue monumentale d’Isis. Le buste d’Isis Sothis (Madame Lucrezia), aujourd’hui devant la basilique Saint-Marc est probablement celui de la statue de la déesse, et le Pie’ di marmo – pied en Marbre – qui se trouve dans une proche ruelle, serait le sien.
Les petits obélisques retrouvés alentour, en marbre de Syène (Assouan) importés au Ier siècle de notre ère, se retrouvent à divers endroits du quartier comme sur la place du Panthéon, la place de la Minerve, ou plus loin comme Piazza delle Terme di Caracalla (Dogali), voir ailleurs en Italie comme celui de l’amphithéâtre du jardin de Boboli à Florence, et un cinquième plus petit se trouverait à Urbino.
Informations
Santuario di Iside e Serapide |
Sources et liens pour en savoir plus
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